Un premier festival haut en goûts et couleurs

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    Un événement d’un genre nouveau, voire inédit, s’est concrétisé les 30 septembre et 1er octobre dernier au marché de gros Euralimentaire de Lomme.

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    Ni salon ni colloque, mais « festival ». La créativité s’inscrit dans la dénomination même d’un événement dont le principal objet est de sublimer le goût et la couleur qui caractérisent notre filière fruits et légumes. Concept imaginé par Jean-Marc Brodbeck, détaillant primeur au Touquet et président du Comité régional interprofessionnel des Hauts-de-France, développé par l’ensemble des administrateurs et orchestré par le délégué régional Pierre Varlet, cette première édition a été conçue en deux volets : une journée dédiée aux professionnels et une au grand public. Son objectif : rassembler les acteurs de la filière amont-aval, montrer leur dynamisme en région Hauts-de-France, accueillir le concours Maf primeurs et décorer ses lauréats du jour, organiser un parcours des métiers de la filière fruits et légumes prouvant inlassablement que cette filière a de l’avenir, recrute, forme les talents, apporte des bénéfices à tous niveaux.

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    Au cours d’une conférence orientée sur le dynamisme de la filière devant un parterre d’élus régionaux et locaux, neuf administrateurs représentant les principaux maillons ont pu exprimer chacun leur raison d’être et d’agir au quotidien, leurs motivations à avoir rejoint la filière, leurs ambitions, leurs difficultés aussi. Après l’ouverture d’un CAP primeur en Hauts-de-France, qui doit encore se faire connaître, Jean-Marc Brodbeck a annoncé la création d’une « École des métiers des fruits et légumes » pour l’ensemble de la filière. « Il faut à tout prix qu’on identifie l’ensemble de nos métiers. Nous avons une mission de santé publique », avance-t-il. Chantier titanesque, tant la société civile s’en est éloigné, mais qui peut compter sur l’énergie des entreprises et de leurs actions à leur niveau pour ouvrir leurs portes ou présenter leurs métiers à travers des événements, des vidéos… « Chaque jour est un jour nouveau en fruits et légumes. Notre rôle est de répondre aux attentes de tout type de consommateurs, d’où notre diversification vers d’autres légumes comme le chou-fleur et la courgette depuis deux ans », témoigne Anne Coupet, productrice à Richebourg dans le Béthunois. « Nous étions le chaînon manquant entre la Belgique et la Bretagne. En faisant de la coopération inter-famille en Hauts-de-France, nous tournons la page du passé. Nous ne nous en sortirons que collectivement », appuie Jean-Michel Delannoy, producteur d’endives, président de Felcoop et vice-Président d’Interfel, faisant allusion aux hausses de coûts brutales de l’énergie qui mettent à mal les entreprises. François Dalle, directeur de Fruidor Terroirs enfonce le clou, présentant le métier d’expéditeur avec la volonté de rayonner davantage en local. Premier exemple d’un nouveau partenariat avec un producteur de tomates à Saint-Omer : sur les 7 000 t produites, la moitié est traitée par Fruidor, en partenariat avec l’enseigne Match en local. L’autre projet est en carottes, avec la relocalisation du conditionnement en Hauts-de-France depuis trois ans au travers de la structure de conditionnement Otimo (7 000 t conditionnées). « Nous cherchons des producteurs de courgette », a-t-il annoncé. Le grossiste Yves Mustel met en avant « l’expertise, la recherche de variété nouvelles et le goût et encore le goût » des grossistes au quotidien et attend « plus de moyens financiers pour promouvoir les fruits et légumes », en particulier dans les écoles. « Pour nous, il est primordial de promouvoir la localité. Nous sommes tous liés aux mêmes tensions. C’est l’occasion de mettre en avant le terroir et nos savoir-faire, l’amour du métier, l’échange, l’humain », abonde la dynamique Angélique Cirefice, du réseau Ribégroupe. Ces intentions partagées, place aux actes : on peut souligner l’initiative de Resto’Co, le réseau de la restauration collective en gestion directe à travers la voix de Christine Rousseau, de « remettre le chef de cuisine au centre dans l’éducation alimentaire des enfants ». Une expérimentation a été conduite sur deux années dans 10 lycées et 10 collèges de la région, avec un mix de théorie et de pratique. « C’est un vrai enjeu : on apprend à cuisiner et certains enfants se révèlent. Des talents naissent. Deuxième étage de la fusée, il faut intégrer les parents. Demain, tout l’enjeu sera d’intégrer ce parcours dans les enseignements », témoigne-t-elle.

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    Le festival a également vu 7 jeunes apprentis primeurs de 16 à 21 ans, titrés lors de la finale du concours Maf primeurs. À travers cinq épreuves, ils ont su démontrer leur créativité, leur passion naissante et leur maîtrise du métier. « C’est une première : l’ensemble des candidats présents ont eu plus de 18 de moyenne et ainsi obtenu le titre prestigieux de Maf primeur », souligne l’organisation Saveurs commerce.  Pour Brigitte Delanghe, Mof primeur et organisatrice depuis le début de ce concours, cette nouvelle promotion est « exceptionnelle » : « Ils sont nos ambassadeurs pour attirer les jeunes vers notre beau métier. Nous comptons sur eux pour faire briller les fruits et légumes et les faire consommer au maximum ! » Sandrine Choux, déléguée générale de Saveurs Commerce, a tenu à remercier tous les CFA et leurs professeurs impliqués pour faire concourir les jeunes. « Si vous êtes là aujourd’hui, c’est que vous avez de formidables tuteurs ! »

    Le festival a réuni 70 exposants partenaires essentiellement des Hauts-de France et de Belgique, en plus des grossistes du marché de gros qui ont ouvert leurs portes, 26 entreprises sponsors, et a accueilli 2 500 visiteurs sur deux jours. Il bénéficie du soutien de l’interprofession, de la Région, du Département du Nord et de la Métropole européenne de Lille.

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