Pour qui sait la cuisiner, la blette ravit les papilles. On la trouve essentiellement d’avril à novembre, mais des producteurs sous serres aiment la cultiver en hiver.
La blette représente une production d’un peu moins de 24 000 tonnes en France (source Agreste, 2022). On cultive ses feuilles avant tout dans les régions Paca (4 741 t) et Auvergne-Rhône-Alpes (3 896 t), soit 36 % de la production nationale. Mais toutes les régions en produisent, de la Bretagne (2 089 t) à la Bourgogne-Franche-Comté (351 t), en passant par les Hauts-de-France (1 695 t) ou encore la Corse (385 t). Et deux fois plus qu’en 2010 (12 237 t dont 59 % pour les régions Paca et Auvergne-Rhône-Alpes).
En douze ans, on a donc assisté à une renationalisation d’une partie de la consommation de ce légume méditerranéen cultivé depuis l’Antiquité appartenant à la famille des chénopodiacées (épinard, betterave), à la saveur douce et la texture fondante. Le signe d’un retour en grâce de la blette dont la consommation a eu tendance à baisser durant le XXe siècle ? Pas sûr. Selon Richard Aubert, responsable du bureau Italie de Creno, les ventes se trouvent clairement sur une pente baissière.
Une offre qui reste appréciée
« En trois ans, nous sommes passés de 400 à 200 tonnes de blettes-pieds (différentes des blettes françaises) par an », explique-t-il. Selon lui, les Français, piètres cuisiniers, délaisseraient le produit qui nécessite un peu de travail au fourneau. La blette souffre en outre d’une hausse de son prix.
Pourtant chez Agrosemens, spécialisé dans les semences bio, notamment des blettes pour les maraîchers, on estime « que la production est stable en blettes blanches et vertes mais que les mini-blettes se développent », selon Yvonne Tavalis, responsable commerciale. Alors à quel saint se vouer ? Il y une offre qui reste appréciée : les blettes de couleurs (jaunes, rouge, roses…) qui égaient certains étals comme les tables de la restauration.
Une petite niche intéressante
L’expéditeur les Saveurs du Bout du Monde (Plougoulm, Finistère), spécialiste des légumes de niche, ne travaille que « des blettes de couleurs pour (se) démarquer sur le marché », précise son gérant, Vincent Élégoët. C’est une petite niche qui intéresse le réseau des grossistes, notamment ceux spécialisés en restauration commerciale auxquels il livre « un petit volume, de l’ordre de 80 colis de 10 bottes par semaine ». La SBM propose ce produit « depuis une dizaine d’années environ », en s’approvisionnant chez un maraîcher situé à quelques kilomètres, sur la commune de Plouénan.
L’exploitation de Gilles Le Bihan s’étend sur 2,8 hectares de serres en verre plus un abri froid de 2 000 m2. « Je travaille sous serre des blettes multicolores que j’implante à la fin août pour un début de récolte à la mi-octobre. J’effectue cinq à sept passages jusqu’à la fin avril. » C’est pour lui une petite culture, mais elle présente l’avantage de fournir du travail au cœur de l’hiver.