Impact du coronavirus sur les marchés des fruits et légumes en Espagne

    0
    1552

    Voici une première approximation des conséquences que la crise du coronavirus a eues et aura sur nos marchés. La situation évolue si rapidement que ce qui est vrai aujourd’hui (après deux semaines de crises) peut ne plus l’être demain. Raison de plus pour recueillir ce que nous savons déjà et ce que nous pouvons raisonnablement anticiper. Nous diviserons cette première réflexion en trois parties, hier, le court terme (aujourd’hui) et le plus long terme, qui peut être dès demain, en essayant de synthétiser de manière cohérente une grande partie des informations disponibles.

    Hier, on ne parlait que de la Chine et, peut-être, de l’Italie.

    • Chaîne d’approvisionnement : elle a été maintenue grâce, entre autres, à des mesures préventives dans les centres de production et dans les serres, à la fois pour arrêter la propagation du coronavirus et pour empêcher l’arrêt de la production

    • Ail : Les producteurs espagnols étaient heureux de l’intérêt croissant des acheteurs européens habituels d’ail chinois.

    • Logistique : Les navires et conteneurs manquent en général, et encore plus les conteneurs frigorifiques. Ils sont encore bloqués en Chine, en particulier dans les ports encombrés de Shanghai et de Xingang. Ceux qui reviennent le font souvent à vide, car il y a peu de fret de retour.

    • Produits stockables : la panique des premiers jours s’est reflétée non seulement dans l’achat massif de produits de première nécessité tels que le papier hygiénique, mais aussi dans le cas de produits stockable comme les poires, les pommes, les pommes de terre ou les bananes (dont la demande à domicile a augmenté avec la fermeture des écoles). Tout cela sans nuire aux produits plus périssables comme les fraises.

    • Fermeture du secteur Horeca (secteur d’activités de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés) : l’augmentation de la consommation à la maison est plutôt une bonne nouvelle, car dans les hôtels, restaurants et cafés, l’offre proposée de fruits et légumes est généralement plus limitée.

    • Fermeture des marchés municipaux : de nombreuses municipalités ont fermé leurs marchés municipaux et privés. Ce qui a un impact sur les exploitations qui ne vendent pas, en temps ordinaire, à la grande distribution.

    À court terme (aujourd’hui), les choses sont beaucoup plus sérieuses ou, du moins, sont prises beaucoup plus au sérieux par les autorités compétentes et l’opinion publique. Jusqu’à présent, non seulement l’offre a été maintenue, mais elle a pu suivre la montée de la demande avec des hausses de prix très limités au consommateur. 

    • Main d’œuvre émigrée : la fermeture des frontières pose déjà des problèmes. En mars, l’arrivée de quelque 4 000 Marocaines était prévue pour la campagne de la fraise. La même situation peut se présenter demain avec les fruits à noyau.

    • Matériel d’emballage : la paralysie de l’industrie chinoise aurait commencé à causer des problèmes d’approvisionnement dans certaines usines de fruits et légumes.

    • Logistique : l’augmentation de la demande de camions pour le transport des produits de nettoyage, pharmacie, tabac et aliments durables, a diminué l’offre et augmenté le coût du transport de denrées périssables telles que les fruits et légumes.

    • Distribution : elle a su répondre au défi. Selon Kantar, les ventes depuis le début de la crise auraient augmenté de 180 %, notamment dans les secteurs de l’alimentation et de la pharmacie.

    À plus long terme (même demain ?) :

    • Demande : quel sera l’impact du ralentissement économique sur la demande ? Tout dépend de sa durée, bien sûr, mais aussi de la réponse que donneront les autorités publiques et les banques centrales et de la réaction des opérateurs économiques. Ce qui semble certain, c’est qu’elle représente un appauvrissement plus ou moins prolongé mais général de la société, donc négatif pour des produits comme les fruits et légumes à élasticité-revenu positive.

    • Chine : la situation dans ce pays s’améliore. Des restaurants ont déjà ouvert à Pékin, l’activité économique devrait se normaliser, de sorte que les ports devraient progressivement commencer à se décongestionner, les navires à circuler avec des cargaisons de retour et les conteneurs à redevenir disponibles. Les déplacements des flux commerciaux traditionnels devraient également être limités

    • Logistique : les fermetures de frontières, même si elles ne concernent pas le transport de marchandises, ralentissent le trafic routier et génèrent des embouteillages. Ceci s’ajoute au temps nécessaire à la désinfection du camion et explique le ralentissement de la rotation des camions, ce qui a aussi un impact sur leur coût. Il faut y ajouter la peur croissante de nombreux transporteurs de se rendre dans certains endroits, non seulement à cause du risque de contagion, mais aussi à cause de la peur d’être bloqué au retour. Sans oublier la fermeture des restaurants routiers qu’ils ont l’habitude de fréquenter.

    © DR