L’impact du changement climatique

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    À l’occasion du congrès annuel de la FNP Fruits à Arles en février, Axa Climate a dévoilé les résultats de son étude, portant sur 76 % des surfaces de production en France, provoquant un intérêt certain et des réactions des professionnels dans la salle.

    Les températures moyennes vont augmenter, de 1,5 °C dès 2030. Le nombre des vagues de chaleur pourrait être multiplié par quatre et les sècheresses seront deux fois plus fréquentes. C’est dans ce contexte que la Fédération nationale des producteurs de fruits a mandaté Axa Climate pour évaluer les impacts du changement climatique sur 16 cultures fruitières en France (pommes, poires, pêches, nectarines, abricots, cerises, prunes, noix, noisettes, amandes, framboises, myrtilles, cassis, groseilles, kiwis et raisins de table), dans 25 des principaux départements producteurs, représentant ainsi 76 % des surfaces de production. Les climatologues et les agronomes d’Axa Climate ont calculé un seuil de vulnérabilité propre à chaque culture, en s’appuyant sur les scénarios du Giec. Les résultats montrent de fortes disparités des évolutions en fonction des bassins de production, après mise en miroir avec les stades phénologiques des plantes. « L’agriculture doit s’adapter à la variabilité du climat. On peut maintenant s’appuyer sur des données scientifiques, disponibles à une échelle très fine, avec un maillage à 25 km », a souligné Vincent Marchal, responsable de la transition agricole pour Axa Climate.

    © végétable

    En 2030, 45 % des zones de productions étudiées seront considérées comme à risque extrême ou élevé, principalement à cause des vagues de chaleur et du gel (vs 22 % aujourd’hui). Ce risque sera très variable d’un fruit à l’autre et d’un département à l’autre : il pourra atteindre 60 % pour les abricots, mais s’établira à 25 % pour la pomme. La température moyenne devrait ainsi augmenter d’1,2 °C d’ici 2030 dans les 25 départements étudiés, mais plus particulièrement dans le Sud-Est et le Nord de la vallée du Rhône. Les températures maximales estivales dépasseront les extrêmes historiques (+1,7 °C en moyenne). « Les extrêmes d’aujourd’hui seront la moyenne dans le futur. Cette évolution aura des conséquences importantes sur le cycle de croissance des fruits, qui souffriront de stress thermique chronique, voire de grillure. » Et pourtant, malgré ce réchauffement des températures moyennes annuelles, le risque de gelée printanière perdurera en 2030 avec des températures minimales en mars augmentant moins vite (+0,4 °C) que les températures moyennes. Ainsi 86 % des départements étudiés subiront toujours des températures négatives en mars (1  % en avril).

    © végétable

    Le bilan hydrique cumulé annuel diminuera de 38 % en moyenne, avec de fortes disparités géographiques (jusqu’à -47 % dans le Tarn). « On s’y prépare déjà depuis longtemps. On alerte les politiques sur le stockage de l’eau », a réagi Françoise Roch, présidente de FNP Fruits. « On travaille également à maîtriser le mieux possible l’irrigation en fonction des besoins de l’arbre.»

    Le rayonnement solaire augmentera (+2,3 kW/m2, soit + 4,2 %), ce qui pourrait induire des risques de coups de soleil pour les cultures tardives. Par ailleurs, le rayonnement a des conséquences directes sur la photosynthèse et la qualité de la production de biomasse. « Le moindre changement climatique impacte directement le rendement des cultures fruitières et donc le modèle économique de notre filière. 2030, c’est dans seulement sept ans, donc nous devons en tenir compte dès aujourd’hui pour les plantations, pour assurer la viabilité des exploitations à horizon 15 ou 20 ans », a rappelé la présidente de la FNP Fruits. Objectif : trouver des variétés de fruits plus résilientes au changement climatique, grâce à la sélection variétale et choix des porte-greffes, et pourquoi pas, tester la culture de kaki, de grenade ou de pistache dans le Sud de la France.

    Verger de plaqueminiers dans le Sud de la France. © végétable