Gel : les filières demandent plus de protection

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    Suite aux annonces du gouvernement, les professionnels saluent la mobilisation, mais sollicitent davantage de soutien pour mieux protéger les cultures légumières et les vergers contre le gel.

    La période de gel de début avril a affecté toutes les cultures, sur presque tout le territoire métropolitain, dans un contexte d’avance végétative estimée entre dix et vingt jours selon les cultures et les régions. Ampleur et impacts exceptionnels, donc, tant en fruits et légumes qu’en viticulture.

    En ce qui concerne les conséquences du gel, poursuivons le tour d’horizon amorcé précédemment (voir actu du 21 avril). En pommes et poires, « tout le territoire est touché, y compris la Provence et la Vallée du Rhône, dans un contexte d’avance végétative : c’est une situation historique », estime Josselin Saint-Raymond, directeur de l’ANPP (Association nationale pomme poire). « Il est encore beaucoup trop tôt pour estimer les pertes au niveau de la récolte, mais à ce stade, il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur notre capacité à approvisionner le marché français. » Le gel est intervenu sur les vergers encore en fleurs, en une année d’alternance positive, donc de grosse floraison. « Il suffit qu’il reste 10 à 15 % des fleurs indemnes pour assurer une récolte », explique-t-il, sans oublier pour autant « des situations individuelles véritablement dramatiques, pour certaines exploitations ». Le marché français représente quelque 700 000 t de pommes, alors que le potentiel de production nationale approche les 1 700 000 t. En légumes, les cultures de tomates, courgettes, melons et fraises de pleine terre ont été particulièrement touchées, selon un communiqué de Légumes de France, qui souligne également les pertes de récolte pour beaucoup de maraîchers.

    Devant les mesures de soutien annoncées par le gouvernement le 17 avril, le relèvement du seuil de calamité agricole à 40 % est jugé très insuffisant par l’ANPP et les pomiculteurs comme les légumiers demandent davantage de fonds pour les accompagner à s’équiper de protections antigel. En pommes et poires, « seuls les dispositifs d’aspersion ont permis de résister aux très faibles températures, les autres méthodes ayant été insuffisantes », observe Josselin Saint-Raymond. Et pour que l’aspersion fonctionne, il faut assurer un débit d’eau de 4 à 5 mm/heure, pendant toute la durée du froid, jusqu’à dix heures par nuit, ce qui implique des réserves en eau suffisantes et des équipements adéquats, alors qu’aujourd’hui l’irrigation est majoritairement développée par le goutte à goutte ou l’aspersion sous frondaison. En légumes, « il est urgent de regarder du côté des abris froids et des serres chaudes. (…) Une enveloppe de 15 millions d’euros permettrait de soutenir l’investissement dans les abris et les serres », évoque Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, soulignant que ces abris renforceraient par la même occasion les économies d’eau, d’intrants et de pesticides.

    L’Espagne a été moins impactée que la France et l’Italie. En Espagne, le dernier épisode significatif de gel remonte à la mi-mars, et a concerné les régions de la Vallée de l’Èbre, des provinces de Huesca (Aragon) et de Lérida (Catalogne), et d’Estrémadure, selon le service économique à Madrid du ministère de l’Économie et des Finances français. Au total, près de 38 000 ha étaient atteints, principalement des vergers de fruitiers (pêches, nectarines, pommes, poires, prunes), amandes et vignes. Pour les fruits à noyau, la récolte sera significativement amputée, mais aucune estimation chiffrée n’a pour l’instant été annoncée par les professionnels. « Les proportions de récolte varient entre 30 et 80 % selon les régions touchées. Nous sommes mobilisés auprès des producteurs et des clients pour assurer les approvisionnements », a déclaré Joan Mir, directeur général d’Anecoop, en conférence de presse le 22 avril. L’Italie a été touchée par la même vague de froid de mi-mars, les pertes concernent le nord et le sud du pays. Les estimations chiffrées seront annoncées début mai.