Observatoire des prix et des marges : les chiffres de la filière F&L à la loupe

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    Riche de près de 400 pages, le rapport annuel de l’Observatoire des prix et des marges remis au Parlement en mai dernier en consacre une petite trentaine aux fruits et légumes, une moyenne satisfaisante, comparée à d’autres filières.

    La partie dédiée au secteur des F&L, dans le rapport annuel de l’Observatoire des prix et des marges, commence par une reprise commentée du diagramme complexe des circuits de commercialisation élaboré et régulièrement réactualisé par le CTIFL. Qu’il s’agisse des prix de première mise en marché ou des prix au détail, l’Observatoire se base sur les données du RNM qui, historiquement observateur des transactions de première mise en marché, travaille régulièrement sur un panel de 150 GMS. Il en déduit un indicateur de marge brute d’un fruit ou d’un légume. Cette marge doit couvrir tous les frais, de l’expédition jusqu’à la mise à disposition de l’acheteur final. Cette marge inclut donc le coût de passage en centrale (ou le cas échéant chez un grossiste). Par ailleurs, l’Observatoire travaille sur un panier hebdomadaire moyen de F&L élaboré d’après les données de Kantar worldpanel.

    L’année 2018 est marquée par des marges brutes et des prix expédition et au détail en hausse pour les deux paniers. Le prix moyen annuel à l’expédition du panier de fruits augmente de 12,3 %, celui des légumes de 6,6 %. Notons que l’indice Insee des prix à l’importation indique une hausse de 11,4 % pour les légumes frais et de 4,2 % sur les fruits frais. S’ajoute un indicateur de marge brute de distribution en hausse également. Les prix au détail en GMS progressent de 10,1 % entre 2017 et 2018 pour les fruits à 2,91 € hors TVA et de 6,6 % à 1,76 € pour les légumes. Concernant la production de pommes, l’Observatoire relève une marge nette producteur de 6,6 € pour 100 kg pour un prix moyen de vente de 44,9 € pour 100 kg, mais il précise qu’il s’agit là d’ordres de grandeur.  Mais avec une hausse des prix de vente de 1 % et des charges en hausse de 2 %., le résultat courant après rémunération de la main d’œuvre familiale baisse chez les pomiculteurs spécialisés. Quant à 2018, selon les comptes nationaux de l’agriculture, avec des volumes en baisse de 6,5 % et des prix en hausse de 5 %, la valeur de la production fruitière française serait en baisse de 1,8 %. A rebours, pour les légumes, la valeur de la production augmente de 5,3 % en 2018 avec des volumes en baisse de 4 % et des prix en hausse de 9,7 %. Quant à la tomate issue d’exploitations très spécialisées, alors que le coût de production estimé évolue de 104,3 € pour 100 kg en 2012 à 93,1 en 2017, le prix de vente moyen est passé de 122,4 € les 100 kg en 2010 à 99,9 en 2017. Cette dernière année, la marge nette était évaluée à 6,9 € pour 100 kg.

    Concernant les expéditeurs, le taux de marge commerciale moyen sur la période 2015/17 est évalué à 19,7 % pour un résultat courant avant impôt de 1,7 % par rapport au chiffre d’affaires. La situation des grossistes diffère sensiblement selon qu’ils exercent sur marché ou hors marché (grossiste à service complet). Les premiers affichent une marge commerciale de 26,5 % par rapport aux achats de marchandise, alors que chez les seconds ce taux s’élève à 29,4 %. Mais, dans les deux cas, le résultat courant avant impôt est évalué à 2,4 %. Au stade détail, le taux de marge commerciale sur chiffre d’affaires des détaillants spécialisés en fruits et légumes est de 30,9 % sur la période 2015-2017. Ce taux est de 30,1 % en 2017 dans les rayons F&L des GMS. Le résultat courant avant impôt est de 3,3 % en moyenne du chiffre d’affaires sur la période 2015-2017 chez les spécialistes, contre 3,1 % en GMS. En GMS, le rayon F&L vient au deuxième rang des rayons étudiés par l’observatoire pour le chiffre d’affaires, loin derrière les produits laitiers. Il contribue pour 19 % au CA des rayons étudiés par l’Observatoire, pour 20 % à leur marge brute et à 15 % de leurs frais de personnel dédié. Pour 100 € de CA, le rayon F&L supporte directement 9,2 € de charges spécifiques, dont 7,7 € de frais de personnel dédié (contre 9,9 pour la moyenne de tous les rayons) et 1,5 € d’autres coûts directs (réfrigération, taxes, frais sur les matériels et équipements spécifiques). A ces charges spécifiques, s’ajoutent des charges communes réparties en fonction de la surface et du CA, soit 17,9 € pour 100 € de CA. Au total, le rayon supporte 27 € de charges pour 100 € de CA. Au final, le résultat du rayon F&L est de 3,1 € pour 100 € de CA, contre seulement 1,2 pour la moyenne des autres rayons.