Melon : prévisions et évolutions réglementaires

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    Les prévisions de plantation diffusées au Medfel s’inscrivent dans le vécu des dernières saisons. L’Espagne continue d’accuser le coup tandis que la France reconduit globalement ses surfaces. Mais un changement brutal s’annonce-t-il au Maroc ?

    conférence melon au Medfel
    © végétable

    Les opérateurs interrogés dans le dossier melon (à lire dans notre édition de mai, à paraître dans quelques jours) faisaient état à mi-avril d’un bon démarrage de la saison au Maroc, dont les surfaces sont légèrement attendues en hausse sur la saison 2024 (1 450 ha, soit +90 ha), malgré des rendements à la baisse. Les plantations se sont globalement réalisées dans de bonnes conditions, mis à part la météo de début avril dans le secteur de Marrakech (pluies et fraîcheur), peu favorable à la nouaison. Malgré quelques problèmes sanitaires, la commercialisation s’est bien déroulée et se termine pareillement.

    Toutefois, le pire est-il à venir ? Le 26 janvier dernier, les opérateurs implantés au Maroc apprenaient dans un courrier du ministère de l’Agriculture du Maroc une « interdiction de planter » du melon, « jusqu’à nouvel ordre ». Il ne s’agit pas d’hectares en plus, mais bien de planter tout court, en raison des déficits hydriques constatés dans les principales régions de production du pays. En parallèle, les coûts de production ont flambé. Cette menace concerne de fait la saison 2025. « La filière melon est dans un tournant, entre l’interdiction de planter, le manque d’eau qui touche aussi l’Espagne… Le paysage melon change en permanence », souligne Myriam Martineau, présidente de l’AIM (Association interprofessionnelle melon).

    En Espagne, l’érosion continue du fait des problème d’eau et de la forte pression sur le foncier : troisième saison consécutive de baisse, avec une perte de 40 % des surfaces en trois ans (2 750 ha annoncées, soit encore -380 ha). Les récoltes doivent démarrer fin avril.

    En France, malgré une dernière saison difficile, la stabilisation se confirme globalement (10 650 ha, soit +150 ha), avec une légère baisse attendue dans le Centre-Ouest tandis que le Sud-Est continue de progresser. La légère augmentation de surfaces en pastèques reste marginale. Par ailleurs, la filière confirme un recentrage de l’offre sur le type Charentais. Les fortes pluies hivernales et printanières devraient engendrer une reprise difficile sur les précoces, sans impacter le reste. Le melon français sera présent au mois de mai pour les abris chauffés, vers la fin mai pour les grands abris non chauffés, la récolte des cultures sous chenilles à partir du mois de juin. Et comme chaque année, la filière reste suspendue… aux conditions météorologiques, susceptibles d’évoluer et d’impacter ou non les récoltes, notamment en France où les plantations ne sont pas terminées.

    Toutes les précisions par bassins seront approfondies dans nos Cahiers melons, supplément de notre édition de juin.

    Avancées des travaux en commissions

    Au-delà des aspects prévisionnels, la filière melon a fait état de quelques-unes des avancées de ses travaux en commissions. Citons notamment : la réflexion en cours dans le cadre du GRP (Groupe de réflexion produit) sous l’égide d’Interfel, portée par la commission « clients », pour essayer de trouver des solutions face aux crises récurrentes (voir notre dossier de mai) ; la création d’une démarche écoresponsable « légumes », portée par la commission  « charte écoresponsable » ; la nouvelle banque de données pour capitaliser sur la lutte contre la francisation, en partenariat avec la DGCCRF. Précisons enfin que, dossier de longue haleine, la recherche d’un nouveau nom pour la dénomination du « Charentais » a été trouvée : « Côtelé » a ainsi été proposé à diverses instances (CEE-ONU, DGCCRF, Interfel…) mais la filière doit encore passer certains « blocages », comme celui du GEVES (Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences). « À nous de faire sauter ce verrou, sachant que les autres pays producteurs sont prêts à faire ce changement de nom, qui s’est effectué dans un vrai travail de filière », commente Jérôme Jausseran, président de la commission communication et président de Force Sud.

    Source des prévisions de plantation 2024 : AIM – Association interprofessionnelle melon

    melons et pastèques
    © végétable