Post-récolte : les alternatives aux fongicides se développent

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    Dans un contexte de réduction permanente des intrants de synthèse en production, de nouvelles techniques représentent un réel enjeu pour la filière puisqu’elles permettent de diminuer, voire de supprimer, le recours aux traitements fongicides pré-récolte.

    Ozone, thermothérapie, atmosphère contrôlée… quelles applications et perspectives ces techniques apportent-elles pour la conservation post-récolte des fruits ? Le CTIFL proposait un solide tour de la question dans un webinaire, en direct le 4 février et visionnable en replay en accès libre sur sa chaîne Youtube. Les professionnels ont d’ailleurs répondu largement présents, avec plus de 200 personnes connectées pendant le webinaire, et une quantité importante de questions posées, aussi précises que pertinentes. Des points clés sont à retenir pour chaque technique abordée.

    L’utilisation de l’ozone en est encore au stade de l’expérimentation, puisque cette matière active ultra-oxydante n’est pas encore autorisée sur les produits alimentaires en Europe. Elle est déjà massivement pratiquée pour le traitement de l’eau potable, et depuis peu également pour le blé tendre et les sachets de salade 4e gamme, ce qui laisse les professionnels confiants pour une autorisation prochaine sur les fruits frais. Le principe est simple : l’ozone détruit toute matière organique avec laquelle elle entre en contact. Des expérimentations menées sur pommes et fraises, au CTIFL (par Vincent Mathieu-Hurtiger), à l’Agroscope en Suisse (Séverine Gabioud) ou encore à l’École d’ingénieurs de Purpan (Frédéric Violleau) montrent toutes des résultats très prometteurs. Le passage des fruits sous ozone en post-récolte permet de réduire significativement le développement des maladies fongiques secondaires, sans incidence sur leur qualité. Reste à affiner les modalités d’application (dosage, rythme) adaptées à chaque variété, les essais montrant que certaines sont plus sensibles que d’autres et peuvent présenter des phytotoxicités.

    La thermothérapie, ou douchage à l’eau chaude, est étudiée depuis plus de vingt ans par le CTIFL sur la pomme, et depuis quelques années en pêches. Deux constructeurs, Crovara et Xeda, proposent des matériels adaptés et développés en partenariat avec les professionnels. Claude Coureau (CTIFL de La Morinière) en a présenté une belle synthèse. Pour les pommes, le douchage en palox présente une efficacité comparable ou supérieure aux traitements pré-récolte pour lutter contre la gloeosporiose, le phytophthora et la fumagine, mais ne fonctionne pas sur d’autres maladies (botrytis, penicillium, monilia ou tavelure). En pêches, l’utilisation de la méthode se développe également chez les professionnels, selon Sébastien Lurol (CTIFL de Saint-Rémy-de-Provence). La thermothérapie est également en phase d’expérimentation pour la prune, dont les premiers résultats présentés par Pascale Westercamp (Cefel) restent à consolider.

    Des essais de conservation sous AC (atmosphère contrôlée) de la poire d’été (Guyot et Williams), ainsi que des prunes américano-japonaises, étaient présentés par Vincent Mathieu-Hurtiger et Ghislaine Monteils (Cefel). Les résultats semblent particulièrement prometteurs pour prolonger la mise en marché des poires jusqu’au mois de janvier, voire au-delà. En prune, l’AC couplée au Smart Fresh permet de gagner une semaine de conservation en moyenne, selon les variétés.

    Les perspectives ouvertes par ces différentes techniques sont loin d’être épuisées et vont, à l’avenir, se combiner entre elles : AC ozonée, eau chaude aux huiles essentielles, etc. Mais le chemin est long pour établir des protocoles précis pour chaque variété, et doit également s’appuyer sur une prophylaxie sans faille en amont, au verger.