La fraise française sauvée du naufrage

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Elle revient de loin ! Après un début de campagne angoissant, la préférence française engagée courant mars par les enseignes GMS a permis un remarquable retournement de marché pour les fraises et les asperges après un début de campagne chaotique. Frédéric Girard, expéditeur à Carpentras (Vaucluse) témoigne.

© laprovencecreative.fr

Quelques mots sur la fraise de Carpentras ?

La fraise de Carpentras, c’est environ 5 000 à 6 000 tonnes, de fin février à mi-juin, cultivées sous grand tunnel, en sol et hors sol, avec une forme dominante de rondes et de la variété Cléry, très adaptée dans nos conditions et un peu de longues avec Gariguette et Ciflorette. La moitié de ces volumes est commercialisée par des expéditeurs comme nous, l’autre moitié est vendue directement par les producteurs à des grossistes ou à des détaillants qui viennent sur place. Et qui d’ailleurs se sont beaucoup moins déplacés au cours de ce mois de mars. 

Comment êtes-vous sorti du chaos du début de saison de fraises et d’asperges ?

La récolte a commencé au début du confinement. Les volumes étaient encore très réduits, mais, avec la panique qui régnait dans le commerce de détail, tous nos débouchés étaient fermés et nous en étions à jeter du produit et à nous interroger sérieusement sur la suite. Et puis voilà, au bout d’une semaine, les consignes d’acheter français ont très vite produit leur effet, le marché s’est vidé de l’offre espagnole et s’est alors retourné de manière brutale. Dès qu’une enseigne décide de ne faire que du national, nous sommes face à une demande très puissante, sachant que nous ne pouvons pas remplacer l’offre espagnole. Pour autant, dans les conditions de consommation de ce mois de mars, s’il y avait eu à la fois les deux origines comme d’habitude, le marché aurait été très lourd. Mais les consignes décidées en haut lieu par les enseignes ont été remarquablement respectées aux achats. Par ailleurs, les marchés de gros ont progressivement retrouvé des couleurs après une phase de déprime, grâce notamment à la bonne dynamique des détaillants en magasin mais aussi au rythme de la réouverture d’un certain nombre de marchés forains. La situation a été particulièrement difficile pour nos clients GASC, qui d’une part ont vu leurs commandes cesser du jour au lendemain, mais qui ont d’autre part dû récupérer les produits déjà livrés aux restaurants qui avaient fermé.

Et les prix ?

Naturellement, ils sont tirés vers le haut dans de telles circonstances et nous nous efforçons de rester modérateurs afin d’écrêter les pics à la hausse comme à la baisse. Dans les deux cas, les excès envoient des signaux négatifs. En fraise, nous tenons actuellement un prix nu producteur rémunérateur, autour de 4,50 €/kg. Nous souhaiterions le tenir encore quelque temps pour assurer une campagne correcte aux producteurs, sachant que la semaine de Pâques ne connaîtra pas les niveaux habituels en raison du confinement, alors qu’elle est d’habitude une période particulièrement rémunératrice. En défintive, nous espérons réaliser une campagne fraise correcte en 2020.