La Fnab lance son nouveau label

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    2012

    Les agriculteurs de la Fédération nationale des agriculteurs biologiques ont décidé de matérialiser leur engagement dans une démarche de progrès social, au-delà du cahier des charges européen de l’agriculture biologique.

    Le sujet est hautement politique, il touche au sociétal. Pas étonnant que la Fnab, qui représente les agriculteurs bio de France, ait rassemblé 150 personnes – réseau bio, associations, partenaires sociaux, clients, journalistes – à l’occasion du webinaire de lancement de son nouveau « Label Fnab », le 15 février. Car celui-ci s’attaque aux « conditions de travail et de vie des acteurs qui permettent leur épanouissement, au travers d’un travail digne, adéquat et productif dans des conditions de respect mutuel et de sécurité physique et psychologique », selon Philippe Camburet, président de la Fnab. Concrètement, une « brique sociale » va venir s’ajouter au label bio déjà existant, qui sous-tend qu’un agriculteur intéressé par ce label adhère au syndicat et respecte une démarche de progrès basée sur neuf grands critères d’appréciation, avec comme objectif ombrelle le bien-être au travail, « une nécessité pour assurer le renouvellement des générations ». Cet engagement a mobilisé durant une année l’ensemble du réseau Fnab et des partenaires sociaux, et permis de réaliser un benchmark approfondi de démarches concurrentes ou proches.

    © DR

    La rentabilité est au cœur du premier critère, avec une nouvelle approche du juste prix de vente des productions inspirée des conditions du commerce équitable, déjà lancée à titre expérimental avec deux grands comptes, Blédina et Picard. « Au lieu de déterminer le prix en fonction de ce que le client est prêt à payer, on le construit en partant de critères objectifs intégrant les coûts de production, la juste rémunération des producteurs, les investissements sur l’exploitation et les aléas climatiques », explique Stéphanie Pageot, productrice, en charge du label Fnab. On relèvera également l’interdiction du recours à la main d’œuvre étrangère sous statut de travailleur détaché, un sujet hautement sensible pour notre filière, « pas pour les contrats et conditions de travail qui peuvent être respectés, mais parce que les contrôles sont compliqués à réaliser », souligne Christophe Osmont, paysan bio dans la Manche, en charge de l’innovation sociale. Parmi les sept autres critères restants, priorité sur la meilleure rémunération des salariés, la formation des chefs d’entreprise au rôle d’employeur et la formation continue des salariés, l’animation et le management des équipes pour mieux fonctionner, l’encadrement du travail sous statuts particuliers (stagiaires, woofeurs, et exclusion du statut de conjoint collaborateur). La Fnab se fixe comme objectif de former 300 fermes en 2022 et de les accompagner dans la mise en place de ces critères. À noter qu’une seconde brique de critères favorisant la biodiversité sera intégrée au cahier des charges dès 2022. D’autres critères seront intégrés ultérieurement (climat, bien-être animal notamment).

    En toile de fond, ce nouveau label Fnab a pour ambition de répondre à l’enjeu d’attractivité des métiers de l’agriculture, de susciter des vocations, dans un contexte de montée en puissance du salariat agricole et de fort renouvellement des générations, dont les progressions ont été rappelées. Mais de nombreuses questions restent en suspens à ce stade de lancement : comment les consommateurs vont comprendre ce nouveau label parmi la segmentation grandissante des démarches bio (et plus largement l’ensemble des démarches « mieux-disantes ») ? Seront-ils prêts à s’engager financièrement, permettra-t-il de créer plus de valeur au producteur ?