Fruits à noyau : “l’union fait la force”

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    La question de la valeur des fruits et légumes dans le contexte inflationniste est au cœur des débats en cette période hivernale. Un préalable : s’appuyer sur les bons leviers.

    © R. Martinez

    En pleine réflexion de bilan et de prospective, la filière pêches et abricots de France, réunie au grand complet, a lancé un débat, le 23 novembre dernier à Avignon : « Comment respecter la valeur de nos produits dans le contexte inflationniste ? Quelle est et sera la place des Vergers écoresponsables ? » Un sujet qui touche l’ensemble de la filière. Seule certitude du moment : « Nous entrons dans une aire de l’imprévisibilité, ce qui va nécessiter agilité et recentrage sur l’essentiel », selon les personnalités invitées à débattre aux côtés des décideurs de la filière fruits à noyau. « À date, les ventes de fruits et légumes sont en recul de 7 % en volumes par rapport à l’an passé », a relevé Alexis Degouy, directeur général d’Interfel. Un recul significatif qui témoigne de la fébrilité des consommateurs en période trouble. Difficile d’y voir clair, de se projeter : l’inflation progresse certes depuis cet été*, mais « nous avons retrouvé de bons niveaux de consommation sur la pomme en octobre », a témoigné Pierre Venteau, directeur de l’ANPP (filière pommes-poires). De même, et c’est tout le paradoxe, une dernière étude révèle que si 78 % des Français recherchent des prix bas, les paniers moyens sont en hausse dans tous les secteurs à l’approche des fêtes de fin d’année. « Cependant, la valorisation économique qui reposait beaucoup sur la segmentation est très compliquée, mise à mal par des promotions à très bas prix quand le fond de rayon est à la hausse. Nous perdons nos repères », a-t-il précisé. Couplée à une augmentation des coûts de l’énergie sans précédent, « un quart de nos entreprises est en risque élevé ».

    Dans les leviers possibles, l’organisation semble être une pièce maîtresse. Tel en a témoigné Hervé Lecharpentier, directeur de la toute nouvelle AOP commerciale des Maraîchers français issue de la filière tomates-concombres, qui regroupe déjà 70 % de la production nationale en concombre : « Sur les six mois de fonctionnement de 2022, nous pouvons affirmer que l’union a fait la force. Notre objectif est d’organiser les volumes pour répondre collectivement à des besoins clients, planifier au mieux les promotions nationales, rééquilibrer le rapport de force. » Damien Chapoulart, responsable du sourcing chez Andros, propose de revenir aux fondamentaux, meilleure arme face à l’incertitude, porteurs de rassurance pour le consommateur. Citant de grandes marques peu adeptes de l’origine France, il a invité à travailler la promesse : « La ligne directrice, ce doit être le goût avant tout, et mettre de l’exigence dans les démarches agroenvironnementales. » Selon lui, un travail de sélection, variétal notamment, doit être opéré. Dans le modèle, il a prôné la construction de vergers dédiés avec la filière. « Il nous sera difficile d’augmenter les prix à l’achat, étant nous-mêmes très contraints dans cette crise. En revanche, nous pouvons améliorer la performance, la compétitivité de la chaîne de valeur, en allant vers la mécanisation, en acceptant certains critères de sélection de l’industrie. Toute démarche qui a proposition de valeur réelle sera soutenue par Andros. »

    L’interprofession et le syndicat de la FNP Fruits, par la voix de Stéphanie Prat, ont démontré les apports d’une étroite collaboration qui s’est intensifiée ces dernières années : dialogue interprofessionnel resserré, communication vers les consommateurs. Les premiers retours de la campagne en cours « jamais trop » ciblée sur les millennials sont d’ailleurs très encourageants. Tous ces éléments ont fait écho auprès des producteurs de fruits à noyau, conscients de la solidité de leur organisation, socle porteur pour imaginer de nouvelles solutions, réengager une promesse pour la campagne à venir en s’appuyant notamment sur une démarche agroécologique robuste, de long terme. Quant au label Vergers écoresponsables, fort de son taux de notoriété de plus de 40 %, il a « conscience de la nécessité de continuer à le faire évoluer, en y intégrant d’autres éléments comme demain le bas carbone ». « Nous pensons qu’à terme il pourrait devenir l’unique référence en rayon pour les consommateurs », a ambitionné Pierre Venteau.

    * + 6,6 % à fin août, + 7,59 % en septembre, + 9,35 % à fin octobre sur l’ensemble des PGC FLS par rapport à octobre 2021 (source Nielsen IQ).