Face au flou de la campagne fruits à noyau

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La saison des fruits d’été est en pleine préparation, tant au verger qu’au commerce. La crise induite par le Covid-19 déclenche un cortège d’incertitudes et de difficultés que l’AOP Pêches et abricots de France s’efforce d’amortir dans la mesure du possible, comme l’explique Raphaël Martinez, directeur.

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Quelles actions spécifiques avez-vous engagées depuis le début de cette crise ?

La toute première, commune à l’AOP Pêches et abricots et à la Fédération des fruits et légumes d’Occitanie, est d’aider nos entreprises à trouver des solutions aux problèmes, de façon concrète. Dans ce but, nous venons de mettre en ligne une plateforme d’échange, sous forme de forum, auquel nous avons invité une centaine d’entreprises à partager leurs problèmes et les solutions mises en œuvre. Dès les premières heures, de nombreuses entreprises se sont inscrites, tant les problèmes sont nouveaux, intenses, et les besoins d’échange importants.

Quelles sont les grandes thématiques d’échange ?

Nous sommes centrés sur trois grands sujets : la recherche, la gestion et la sécurisation du personnel, les questions logistiques – emballage et transport – et les aides accessibles aux entreprises. Le volet main d’œuvre est urgent et aigu, car l’éclaircissage des fruits à noyau va démarrer dès la semaine prochaine. Se posent dès lors les questions : quel personnel ? Quelle circulation des personnes, quelles mesures de protection et organisation, quelles procédures de sécurité à appliquer à des équipes de taille nécessairement réduites ? Mais aussi comment anticiper les niveaux de confinement qui nous seront encore imposés en avril, voire au-delà ?

La question des emballages est donc revisitée dans la situation actuelle ?

Oui, les flux de fournitures sont perturbés et il est nécessaire de recenser les besoins des entreprises en colis carton, bacs plastiques, alvéoles, barquettes pour sécuriser nos besoins. Au niveau des unités de vente consommateur (UVC), la barquette plastique semble à nouveau parée de toutes les vertus. Le r-PET (polyéthylène contenant une part de matière recyclée) a une carte à jouer, à condition que la filière de recyclage continue de se structurer. Le matériau plastique recyclé a donc des vertus, c’est un matériau économique et l’automatisation est facile. De source Citeo, 50 % des Français bénéficient aujourd’hui de filières de recyclage ad hoc, ils seront 80 % dans deux ans. Désormais, les UVC représentent un bon tiers de nos ventes d’abricot et cette proportion ne cesse de progresser. Côté transport, c’est la hausse brutale des tarifs pratiqués par les prestataires qui nous préoccupe. Le gouvernement semble intervenir en ce moment pour tenter de réguler.

Où en est la préparation de la campagne avec l’aval ?

Dans le flou actuel, les négociations sont ralenties : on s’efforce d’assurer la qualité du produit, on privilégie les conditionnements raisonnables et on réfléchit à une programmation adaptée des promos ! Notre priorité va être d’assurer une production de qualité et nous devons le faire dans un contexte de disponibilité de main d’œuvre limitée. En matière de précocité, nous devrions avoir une campagne légèrement précoce, avec un début de saison abricots entre le 5 et le 15 mai, mais les semaines prochaines peuvent encore changer la donne. Nous nous posons aussi beaucoup de questions sur le déroulement de la campagne espagnole et sur la situation de marché que nous allons trouver. Comment le consommateur va lui-même se comporter dans deux mois ? Quel sera l’impact de la crise sur sa capacité d’achat à court terme ?