Regard d’expert commerce international : les conséquences de la guerre russo-ukrainienne

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Le conflit en cours n’a pas fini d’instiller ses effets pervers, en particulier dans l’agriculture et l’alimentation mondiales, piétinant le droit des États souverains et le respect des conventions internationales.

Avant l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février dernier, les marchés mondiaux étaient déjà caractérisés par une situation tendue concernant les coûts de l’énergie et des intrants agricoles, et donc de hausse des prix agricoles et alimentaires. L’entrée en guerre de la Russie a mis brutalement en évidence le bouleversement des approvisionnements alimentaires mondiaux en raison notamment du poids des productions russes et ukrainiennes de céréales et d’oléagineux. Elle a révélé tout aussi crûment les effets sur les cours mondiaux de l’énergie (gaz et pétrole) et des engrais (azotés et potasse), et la mise en danger aggravée de la productivité agricole.

Si les consommateurs de l’UE sont confrontés à la hausse des prix de quasiment toutes les denrées alimentaires, les pays en développement en particulier d’Afrique et du Moyen-Orient, importateurs de céréales et fortement dépendants de l’Ukraine et de la Russie, devront prioritairement affronter le défi de la précarité alimentaire pour éviter les troubles sociaux (et, in fine, politiques) qu’ils ont déjà vécus en 2008 et 2010. Plus largement, les dérèglements logistiques, donc commerciaux, à peine remis des effets de la pandémie de la Covid, bousculent à nouveau la géographie des flux, avec l’affirmation géostratégique de grands ensembles émergents (Chine, Inde, Brésil). Ils contraignent les organisations internationales – l’ONU, mais surtout l’OMC – à circonscrire avec diligence les conséquences de la géopolitisation commerciale, et donc à se restructurer urgemment pour redéfinir les conditions de la sécurité alimentaire mondiale. Le temps où l’on pouvait séparer les objectifs économiques, stratégiques et géopolitiques paraît aujourd’hui révolu.

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