Premières prévisions en abricot

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    Le premier rendez-vous du Medfel a confirmé une baisse des volumes européens, suite aux aléas climatiques, dont le gel d’avril.

    On s’y attendait : les premières estimations de récolte européennes d’abricot confirment que le cru 2021 sera sensiblement limité en volumes cette année, dans toute l’Europe. Ce qui a été annoncé le mardi 4 mai par les porte-parole des filières fruits à noyau pour la Grèce, Italie, Espagne et France lors des traditionnelles rencontres du Medfel, organisées cette année en ligne (les prévisions de récolte melons et pêches-nectarines sont à venir les 11 et 25 mai prochains).

    Essayons de prendre du recul, au-delà du seul gel sévère de ce printemps. Le retour sur la campagne 2020 confirmait déjà une tendance baissière, liée à des problèmes climatiques : gel et grêle l’été dernier en Grèce, a rappelé Georges Kantzios, de la coopérative Asepop ; pertes très sévères en Italie notamment en Emilie-Romagne, qui a vu une chute brutale de 90 % de la production par rapport à 2019, selon Elisa Macci, directrice du CSO ; gel également en Espagne et « pleine restructuration du verger », d’après Santiago Vazquez, de la Fédération des coopératives espagnoles ; et baisse également en France (hiver doux, pluies), conjugué au stress d’une année particulière sous Covid, a indiqué Nathalie Bonnet, représentant l’AOP Pêches et abricots de France. Point positif, une offre moindre ayant entraîné des prix « très corrects » pour tous les pays et « une qualité de produit remarquable », selon Nathalie Bonnet.

    Nathalie Bonnet, dirigeante du Domaine des Coteaux, a représenté l’AOP Pêches et abricots de France.

    Cette saison 2021 verra un vrai décrochage, l’épisode long de gel de printemps ayant été généralisé. Au global en Europe, après deux autres campagnes baissières, on s’attend à environ 343 500 t, soit respectivement – 20 et – 40 % par rapport à 2020 et à la moyenne 15-19. Pour la Grèce, un petit 55 000 t est prévu. C’est 29 % de moins qu’en 2020, 23 % de moins que sur la moyenne des cinq dernières années, et, selon Georges Kantzios, une baisse de 50 % par rapport à la normale jugée à 120 000 t : « Le verger d’abricots augmente chaque année, il s’enrichit de nouvelles variétés et des variétés plus tardives. » Pour l’Espagne, le repli est estimé à 86 835 t, recul pour la troisième année consécutive, avec un écart de 31 % par rapport à la moyenne 15-19. Les régions de Murcie et Valence sont les plus touchées, à cause du stade de nouaison au moment du gel, avec une chute de 50 %. « L’Italie a été frappée sur toute sa géographie », atteste Elisa Macchi. Elle envisage un peu plus de 154 000 t, dont plus de 40 000 t en Emilie-Romagne qui, paradoxalement, remonte la pente face à la crise de 2020. En France, « la récolte 2021 s’annonce comme une des plus faibles des trente dernières années », annonce Nathalie Bonnet. L’épisode de gel a été particulièrement long, avec la nuit fatale du 7 au 8 avril. Le total France sera vraisemblablement en deçà des 50 000 t* cet été, soit – 40 % par rapport à l’an passé et – 64 % sur la moyenne 15-19. Précisons toutefois que « le mois de juin sera moins impacté que le reste de la campagne » et la production en Roussillon. Fait marquant, on assiste en France à une « inversion de tendance depuis trois ou quatre ans. Il y a un ralentissement des plantations. Beaucoup de producteurs remettent aujourd’hui en question cette culture de l’abricot. Dans le même temps, un travail de défi de la qualité gustative s’est engagé », rappelle Nathalie Bonnet (cf. le dossier fruits à noyau de végétable n°388, de mai 2021).

    Ces prévisions sont à prendre avec des pincettes tant l’évolution du comportement des fruits (brunissement, chute physiologique…) n’est pas complètement connue. C’est ce qu’ont rappelé les représentants d’autres filières invités à participer ensuite à une table ronde sur le gel 2021. « Il est trop tôt pour donner des chiffres », notamment en poire, pomme, prune, kiwi, fruits à coque et même cerise, dont la saison démarre dans quelques jours en France… Les débats ont permis d’évoquer les solutions en cours face à ces aléas climatiques qui se répètent, de se comparer parfois à d’autres pays et d’envisager l’avenir à long terme pour mieux protéger les vergers. Nous y reviendrons plus en détail dans notre numéro de juin.

    * Avec le concours du SCEES, Agreste et les services statistiques des Draaf Occitanie, Paca et Aura.