Inquiétude et incompréhension après la suppression inattendue de l’Agence Bio, votée le lundi 20 janvier dans le cadre du projet de loi de finances, sur proposition de Laurent Duplomb, sénateur de Haute-Loire.
Alors que l’agriculture biologique connaît une crise de la consommation et que les familles professionnelles travaillent, depuis trois ans, main dans la main avec le gouvernement et l’Agence Bio pour activer tous les leviers permettant d’enclencher une relance de la demande, c’est le moment que choisit le gouvernement Bayrou pour supprimer l’un des acteurs majeurs de cette stratégie. Cette décision radicale a été aussitôt et unanimement dénoncée par les syndicats et organisations professionnelles de tous bords.
« On peut dire que ce gouvernement a le sens du timing et de la cohérence politique », s’agace Philippe Camburet, président de la Fnab (Fédération nationale d’agriculture biologique). « Venir nous expliquer en pleine crise de la bio qu’il faut supprimer l’acteur chargé de promouvoir nos produits, c’est pour le moins osé. Depuis trois ans nous avions l’impression d’être rentrés dans un processus collaboratif de recherche de solutions qui vient d’être mis à terre », regrette-t-il.
Outre un préoccupant manque de concertation, les professionnels contestent un amendement en totale contradiction avec les objectifs affichés par le Gouvernement, qui ambitionne d’atteindre 18 % des surfaces agricole en bio et 20 % des approvisionnements de la restauration collective d’ici 2027.
Un coup dur à une filière déjà fragilisée
« La suppression de l’Agence Bio est une aberration totale ! On évoque une économie de 3 millions d’euros, mais les coûts cachés de notre système agroalimentaire se chiffrent en milliards », s’insurge Marc Batty, cofondateur de FEVE (Fermes en vie), foncière agricole dédiée à l’acquisition et à la transmission de fermes en agroécologie.
Pour Marc Batty, cette décision risque d’infliger un coup dur à une filière déjà fragilisée qui aurait, au contraire, besoin d’un soutien renforcé : « Avec 61 000 fermes bio (la France étant le leader européen en surfaces cultivées), 215 000 emplois et 70 % du bio consommé en France produit localement, la filière bio française représente un écosystème structuré et prospère. Elle offre une alternative crédible et durable au modèle de l’agriculture conventionnelle. »
L’Agence Bio, en charge de la promotion et du développement de l’agriculture biologique fédère tous les acteurs de la bio, agriculteurs, transformateurs et distributeurs. Parmi ses missions, le financement du fonds d’avenir bio, pour le renforcement des filières en France et le soutien à la consommation de produits bio, notamment à travers une campagne de communication « C’est bio la France ! » qui doit être lancée en amont du Salon de l’agriculture.
C’est à l’occasion du SIA 2024 que le renouvellement de l’Agence Bio avait été acté pour cinq ans, au cœur du nouveau programme ambition bio lancé par l’ancien ministre Marc Fesneau. « La gestion du fonds avenir bio continuerait toutefois d’être assurée par France Agri Mer », rassure toutefois le sénateur Duplomb dans son amendement.
À noter que la Fnab, soulignant la situation inédite dans laquelle est adopté ce projet de loi de finances vu le contexte politique récent, espère encore un revirement et le rejet du texte lorsqu’il sera examiné en commission mixte paritaire le 30 janvier.