Les 11es rencontres du biocontrôle, le mardi 14 janvier au Sival, ont réuni les professionnels du biocontrôle et les filières agricoles.
Accélérer l’intégration du biocontrôle dans le quotidien des producteurs implique la coopération de tous les acteurs de la filière. « Les parties prenantes, acteurs du territoire, banques, assurances, agences de l’eau, doivent prendre leur part de risque, en finançant la transition environnementale pour atteindre les objectifs de durabilité fixés par l’aval », a déclaré à ce sujet Fanny Lange, associée du cabinet Deloitte Sustainaibility.
Alors que le scope 3 de la CSRD (émissions de gaz à effet de serre à travers les chaînes d’approvisionnement) s’impose progressivement aux entreprises de toute tailles, les solutions de biocontrôle utilisées en amont contribuent à faire progresser ces indicateurs biodiversité, eau et climat. « Cela ne fera pas exploser les ventes mais peut permettre de mettre en valeur ce qui est déjà mis en place dans les filières. »
Mais surtout il faut un environnement réglementaire favorable aux homologations des produits. Céline Imart, agricultrice et eurodéputée, a témoigné des demandes émises par dix états-membres pour clarifier la définition du biocontrôle, avec l’objectif prioritaire d’accélérer les délais d’homologation. « Les substances actives de biocontrôle sont dans les mêmes files d’attente que les produits conventionnels. »
Céline Barthet, présidente de l’Alliance Biocontrôle, regrette, elle aussi, une trop grande inertie au niveau européen. « Il faut simplifier et harmoniser les procédures d’homologation. La France, qui a les procédures parmi les plus compliquées, n’obtient ces homologations que bien plus tard, par le biais de reconnaissance mutuelle. »
Il s’agit aussi de « raisonner l’approche de protection des plantes de façon systémique plutôt que de vouloir une simple substitution de produits ou de pratiques, y compris dans l’évaluation de l’efficacité des produits de biocontrôle pour leur homologation ». L’Alliance Biocontrôle, qui regroupe 27 entreprises membres, maintient son ambition de 30 % (en valeur) du marché de la protection des plantes à horizon 2030.
En 2023, le marché du biocontrôle s’établissait à 245 millions d’euros, soit 9 % du marché de la protection des plantes, avec une progression de près de 4 millions d’hectares déployés supplémentaires en deux ans, toutes cultures confondues, selon la dernière étude ADquation. Ce panel permet d’affiner les chiffres et met en évidence des taux de pénétration contrastés*.
Les grandes cultures affichent le taux de pénétration le plus bas (15 % en 2023/2024) et représentent moins de 5 % de part de marché du biocontrôle, alors qu’elles couvrent près de 9 hectares sur 10 cultivés en France. « C’est dans ce secteur que le biocontrôle doit se déployer prioritairement », a commenté Céline Barthet. « Cela passe effectivement par l’accélération des nouvelles homologations, mais il ne faut pas oublier les nombreuses solutions déjà disponibles et insuffisamment déployées en pratique. »
* Pour comparaison : taux de pénétration de 87 % en vergers pour 1 % de la sole ferme France, et de 22 % légumes et pommes de terre pour 4 % des surfaces).