Du jus de fruits à Tain l’Hermitage

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    Haut lieu de la gastronomie avec le chocolat Valrhona et les vins de l’Hermitage, la ville de Tain va désormais produire des jus de fruits à l’initiative de Comptoir rhodanien.

    L’expéditeur drômois de fruits frais est en effet en train d’investir dans une toute nouvelle unité de transformation qui lui permettra notamment de valoriser une part non négligeable des écarts de tri de ses productions de fruits à noyau et à pépins. « Nous bouclons un millésime 2018 très irrégulier dans ses performances », observait Christophe Soulhiard, dirigeant de la société lors de son allocution d’ouverture de la campagne 2019, le 26 avril dernier, devant quelques centaines de producteurs et partenaires fidèles à ce rendez-vous annuel. Au total, c’est environ un millier d’arboriculteurs qui livrent chaque année tout ou partie de leurs fruits au groupe Comptoir rhodanien, ce qui lui confère un rôle majeur dans l’économie agricole de la moyenne vallée du Rhône. En 2018, ce sont 1 500 tonnes de cerises, 9 500 d’abricots, 2 500 de noix et 350 de châtaignes qui ont été mis en marché par la structure de Tain l’Hermitage, alors que sa filiale Métral Fruits a traité quelque 12 000 tonnes de pomme, 6 000 de pêches et nectarines et 600 de fraises.

    Cerise, abricot, châtaigne ont vu leurs campagnes compliquées par les aléas de la météo et du marché, la châtaigne par la sécheresse, la noix par la désaffection du marché de la noix fraîche et la montée de la concurrence internationale. Le bilan 2018 se solde à 40 000 tonnes commercialisées par le groupe pour un CA global de 55 M€. Les prévisions 2019 sont nettement plus optimistes et la production d’abricot pourrait remonter de 45 % si la grêle ne vient pas compromettre cette belle promesse. Avec le déploiement d’une filiale de transformation, le groupe Comptoir rhodanien consolide sa structuration et son organisation humaine. Si la majorité du capital est toujours détenue par la famille Soulhiard, celle-ci est désormais accompagnée par un pool d’investisseurs mené par Siparex, groupe leader du capital investissement. « 10 à 20 % de nos volumes annuels vont à l’industrie », constate Christophe Soulhiard. « Notre objectif est d’optimiser, de compléter nos débouchés, pas de concurrencer les grands acteurs du fruit transformé que sont Andros ou Charles et Alice. »

    Trois ateliers vont donc voir le jour, purée, jus et châtaigne sous vide, « car la châtaigne se consomme de plus en plus pelée et précuite ». L’investissement global s’élève à 4 M€ et va générer de nombreuses embauches, avec l’espoir d’un fonctionnement en continu en 3 x 8. Christophe Soulhiard déplore vivement l’inadéquation actuelle du marché du travail avec une offre inadaptée à la demande, faute de formation, mais aussi de savoir-être. « Pour gagner la bataille de l’emploi, l’école tout au long de la vie sera la mère de tous les succès… ou de tous les échecs », avertit le dirigeant à l’adresse notamment de ses interlocuteurs politiques, nombreux à l’écouter le 26 avril. Christophe Soulhiard souligne enfin le rôle majeur de l’expéditeur dans la filière fruits et légumes, « un métier de plus en plus complexe, difficile, captivant, passionnant, parfois combattu, jamais abattu » !