Campagne pommes-poires : retour à l’anormal

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    L’ANPP (Association nationale pommes-poires) a réuni une centaine de professionnels sur l’ensemble de la filière, à l’occasion du lancement de campagne, et débattu de sujets de fond.

    Après des mois de visioconférences, le soulagement de retrouvailles en présentiel était palpable parmi la centaine de participants réunis à l’occasion de la conférence de lancement de la campagne pommes-poires organisée par l’ANPP, à Paris le 26 août. On relève aussi la dimension filière de l’événement, qui a su fédérer les producteurs et leurs clients : grossistes, distributeurs, restaurateurs, industriels.

    Les prévisions de récolte européennes et françaises de pommes et poires ont été partagées et commentées (retrouvez toutes ces prévisions en détail dans notre magazine de septembre, n°380). Si la situation est hétérogène en pommes (1,375 Mt, quasi similaire à l’an passé, qui était une petite récolte), elle est catastrophique pour la poire avec un niveau de récolte « dramatiquement faible » à 57 000 t (- 57 %), notamment en poires d’été, selon Vincent Guérin de l’ANPP. Un premier élément de synthèse à retenir est que le marché du frais ne manquera pas de pommes, mais devra s’adapter : plus de petits calibres et impacts visuels probables liés aux conditions climatiques du printemps dernier (gel). Les professionnels ont exhorté les clients à rechercher les opportunités de valorisation de la catégorie II, en sachet notamment. Un deuxième élément de synthèse, ou plutôt de consensus, est la grande préoccupation des professionnels de l’amont à l’aval quant à la certaine suppression des stickers sur les fruits au 1er janvier 2022 (loi Agec), sans réelle solution. Interpellé par Daniel Sauvaître, président de l’ANPP, Louis Orenga, président d’Interfel, a déploré que « le système se dérègle plus vite qu’on tente de le re-régler. On essaie de voir si certains aspects juridiques font défaut pour pouvoir retarder l’échéance. On a quand même connu des avancées, mais malheureusement pas sur les stickers ». « Il est urgent de revoir le réglementaire, faire changer la façon d’aérer les fruits et d’amener le consommateur à recevoir des produits moins normés, moins “beaux”. Maintenant que l’origine France est bien implantée, il est urgent de passer ce pas-là », a commenté Sophie Malinas, responsable des achats fruits et légumes chez Cora.

    Parallèlement à ce lancement de campagne, l’ANPP a rappelé plusieurs chantiers structurels menés de front, certains de longue date comme la poursuite du développement de la démarche Vergers écoresponsables, d’autres plus récents comme la lutte contre la francisation, à l’instar d’autres organisations telles que les AOP Pêches et abricots de France, Tomates et concombres de France ou l’AIM (melon). « L’ANPP lutte contre la francisation pour défendre la valeur associée aux engagements Vergers éco-responsables, pour défendre la production française et défendre les Siqo* », a rappelé Daniel Sauvaître. Il a ensuite animé des débats et fait s’exprimer des avis des clients notamment, sur les sujets des volumes, des calibres, des choix variétaux, de l’origine, de la valorisation produit. L’ANPP a présenté son plan de lutte : d’une part une étroite collaboration avec la DGCCRF (plusieurs dossiers en cours d’instruction et l’organisation se portera partie civile dans tous les dossiers présentés devant les tribunaux), et d’autre part un investissement de 150 000 € sur trois ans en partenariat avec le laboratoire Eurofins pour développer une base de données « origine France » grâce à la détection isotopique et la résonance magnétique nucléaire sur les fruits.

    Les autres chantiers – dont végétable s’est déjà fait l’écho – sont l’intégration de nouveaux indicateurs biodiversité nourris par des actions concrètes dans la démarche Vergers écoresponsables (protocole abeilles) et l’écoconception pour atteindre les objectifs réglementaires de neutralité carbone (voir notamment notre article page 12 paru dans l’édition de juin, n°389, et l’actualité relayée ici le 19 mai 2021). Les actions promotionnelles orientées vers le label Vergers écoresponsables se renforcent en parallèle et ont été détaillées par Sandrine Gaborieau en charge du marketing et de la communication à l’ANPP. Elles ciblent en priorité les jeunes, chroniquement sous-consommateurs de fruits, mais qui « veulent changer le monde vers un monde plus durable ».

    * Plusieurs Siqo dans cette filière : citons l’AOP Pomme du Limousin, l’IGP Pommes-Poires de Savoie et l’IGP Pommes des Alpes de Haute-Durance, également Label Rouge.

    Daniel Sauvaître. © DR