Business « as usual »… ou presque !

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Dire que tout va bien serait peut-être abusif, mais à l’issue de cinq semaines de crise, force est de constater que le marché de gros et les circuits qu’il approvisionne font preuve d’une belle résilience. Le point avec Christian Berthe, PDG de Cofruly et président du marché de Lyon Corbas.

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Comment se comporte le marché en ce début de semaine ?

Nous tournons légèrement mieux que l’année passée à la même époque, alors que 2019 avait été une grosse année. Les volumes sont équivalents, les chiffres sont en hausse en raison du relèvement des prix moyens. Bref, la tendance est solide. Il faut admettre que nous avons connu un beau rétablissement depuis le début de la crise, quand notre activité avait plongé très fort, notamment suite à la fermeture des marchés forains. De fait, seulement 35 % des marchés ont rouvert et notre taux de fréquentation est en baisse de 15 à 20 %. En revanche, nous voyons tous les jours des clients qui avaient coutume de ne venir que deux à trois fois par semaine avant la crise. En fait, les sédentaires sont hyper boostés dans l’agglomération lyonnaise et encore davantage pour les extérieurs. Enfin, beaucoup de clients se sont adaptés à la fermeture des marchés et ont mis en place des circuits pour continuer à servir leurs consommateurs.

Comment cela se passe dans les entreprises de gros ?

Nous travaillons avec un déficit d’effectif moyen de 15 à 20 % et le port du masque est une vraie contrainte quand il s’agit de déplacer des colis. Par ailleurs, au bout de quelques semaines, le naturel revient au galop et certains clients tendent à reprendre leurs habitudes d’avant crise. Il faut donc les rappeler à l’ordre pour maintenir la pratique des gestes barrières. Nous avions envisagé un temps de mettre le personnel en RTT ou en vacances : c’est totalement inutile, nous tournons à plein régime !

Comment évolue l’offre en amont ?

Les propos du Premier ministre sur la préférence française nous ont momentanément affectés, mais en l’absence d’offre nationale suffisante nous avons repris nos approvisionnements en provenance des autres pays de l’UE. Nous n’avons pas de difficultés d’approvisionnement, mais nous sommes « propres » tous les soirs. Et j’observe que nos amis allemands connaissent de vraies difficultés pour récolter leurs produits, qu’une partie de la production reste au champ. Je crois qu’il ne faut pas s’alarmer de la montée des prix qui peut se réguler : nous devons désormais nous préparer aux prochains mois qui vont voir arriver les gros volumes de la production française.

Et du côté de l’aval ?

Nos détaillants se battent avec cœur. C’est simplement dommage que, dans les grandes villes, les collectivités ne prennent pas les choses en main : quand les marchés forains sont bien encadrés, ça se passe très bien. D’ailleurs, je m’étonne que l’on puisse faire une queue de plusieurs dizaines de mètres devant un boulanger et que d’autres formes de rassemblements soient beaucoup plus verrouillées. Globalement, je trouve que notre filière s’adapte bien, elle est en ordre de marche. La grande distribution a très bien réagi sur la recommandation de l’approvisionnement français, elle est réactive sur le référencement de fournisseurs locaux. J’observe un vrai esprit de filière au niveau interprofessionnel. La situation de crise nous permet de poser les bagages inutiles, de cesser de considérer que quand il y a un problème c’est de la faute des autres… Il n’y a plus de bouc émissaire !