Apfelso : à la reconquête de la souveraineté alimentaire ?

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    L’Association des producteurs de fruits et légumes du Sud-Ouest a tenu son assemblée générale fin juin dernier et a mis la souveraineté alimentaire au premier rang de ses préoccupations.

    La souveraineté alimentaire est un concept développé et présenté pour la première fois par Via Campesina (« Voie paysanne ») lors du Sommet de l’alimentation organisé par la FAO à Rome en 1996. Le concept a depuis été repris et précisé par divers courants altermondialistes lors de différents forums sociaux. La souveraineté alimentaire est présentée comme un droit international qui laisse la possibilité aux populations ou aux États de mettre en place leurs politiques agricoles les mieux adaptées sans qu’elles puissent avoir un effet négatif sur les autres pays. Elle se construit, à l’origine, dans l’objectif de permettre le respect des droits des paysans. La souveraineté alimentaire est donc une rupture par rapport à l’organisation actuelle des marchés agricoles mise en œuvre par l’OMC.

    Lors de l’assemblée générale de l’Apfelso (Association des producteurs de fruits et légumes du Sud-Ouest), à Agen fin juin dernier, Philippe de Guénin, directeur de la Draaf Nouvelle-Aquitaine, a distingué la notion de souveraineté de celle de sûreté alimentaire, qui concerne la sécurité alimentaire, et a trait à l’hygiène et l’inocuité des aliments. « La sécurité alimentaire, elle, existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires… » Et elle a des conséquences sur la souveraineté alimentaire.

    Donc, pour promouvoir une alimentation locale, les PAT (pactes alimentaires territoriaux) ont été mis en place sur le territoire par la Drafaf et La Région au travers de la feuille de route pour une alimentation durable : 26 ont été labellisés en Nouvelle-Aquitaine, couvrant 76 % de la région et 87 % de la population. Ils doivent aussi être accompagnés de projets de relocalisation qui créent de la valeur : 20 projets de structuration de filières ont été soutenus, dont en noisette, tomate d’industrie, prune, kiwi, châtaigne, pomme bio, noix bio (13,5 M€ d’aides).

    Cependant, si créer de la valeur, de la résilience, améliorer l’empreinte carbone sont de raisons suffisantes pour tendre vers plus de relocalisation, « il faut retrouver une lucidité économique », a souligné André Graglia, directeur de l’Apfelso. Les installations en agriculture ne peuvent pas majoritairement s’effectuer en circuit court, le rapport du CGAAER* de janvier 2021 est en ce point très éclairant : seulement 7,3 % des producteurs arrivent à vivre d’un modèle économique à plus de trois quarts du chiffre d’affaires en vente directe ou circuit court. Il faut donc garder une « hauteur de vue face aux enjeux de sûreté alimentaire ».

    * Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux

    Philippe de Guénin, directeur de la Draaf Nouvelle-Aquitaine, a distingué la notion de souveraineté de celle de sûreté alimentaire. © DR