Le plan de résilience pour l’agriculture et l’alimentation

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    L’invasion de l’Ukraine par la Russie aura, a déjà, des impacts importants sur l’agriculture et les filières agroalimentaires française, avait précisé le président de la République. Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation apporte un éclairage sur le plan de résilience proposé par le gouvernement.

    Lors d’un discours, hier, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a affirmé « qu’il n’y a pas de risque de pénurie en France car notre agriculture et nos filières agroalimentaires sont fortes et souveraines ». Mais plusieurs défis s’annoncent d’ores et déjà. La crise entraîne des impacts immédiats et importants sur les filières agricoles françaises à l’amont comme à l’aval : avec l’augmentation en cours des prix de l’énergie, et par effet immédiat, celui des engrais dont certains sont importés de Russie ou Biélorussie ; l’augmentation des cours mondiaux des céréales, dont 30 % des exportations mondiales sont assurées par l’Ukraine et la Russie ; l’augmentation du coût de l’alimentation animale, dont l’Ukraine est un important producteur, et qui représente jusqu’à 60 % du coût des intrants.

    Le plan de résilience annoncé par le gouvernement entend alors agir sur certaines priorités. La mesure annoncée par le Premier ministre de remise sur les carburants de 15 centimes hors taxe au 1er avril s’applique aussi au gasoil non routier des agriculteurs. Le gouvernement met aussi en place le remboursement anticipé de la TICPE de 2021 et, sur demande, un acompte de 25 % pour la TICPE 2022, qui seront versés après déclaration, dès le 1er mai 2022.

    De plus, face à l’augmentation importante du coût du gaz, il rend éligible les entreprises agricoles et forestières, ainsi que les entreprises agroalimentaires, à l’aide aux entreprises consommatrices de gaz et d’électricité. Cette aide transversale, annoncée par le Premier ministre, bénéficiera aux entreprises dont les dépenses de gaz et d’électricité représentent au moins 3 % des charges, et qui deviendraient déficitaires en 2022 du fait du renchérissement de leurs dépenses en énergie. La moitié du surplus de dépenses énergétiques, dans la limite de leurs pertes, sera prise en charge.

    Et face à l’augmentation du coût de l’alimentation animale dans les élevages, une aide  sera mise en place pour les éleveurs, d’une durée de quatre mois.

    Enfin, a continué Julien Denormandie, « face aux difficultés supplémentaires, l’enveloppe des prises en charge des cotisations sociales sera abondée dès cette année à hauteur de 60 M€ supplémentaires pour prendre en compte les exploitations confrontées à des hausses de charges, autres que celles faisant l’objet de mesures sectorielles et qui dégradent leur compte d’exploitation de manière significative ».

    Au-delà de ces quatre mesures, Julien Denormandie a également annoncé devoir sécuriser la production et la transformation agroalimentaire. D’autres pays pourraient faire face à des famines, compte tenu de la situation en Ukraine, un des greniers du monde, et à cause de sècheresses qui frappent certains pays d’Afrique du Nord. Quatre autres mesures sont alors envisagées : entamer de nouvelles négociations commerciales pour sécuriser producteurs et entreprises agroalimentaires, sécuriser la campagne 2022 en engrais, produire plus de protéines végétales ; et sortir plus rapidement de nos dépendances, soit accélérer la reconquête de notre souveraineté agroalimentaire. « L’élaboration d’un plan souveraineté français et européen “fruits et légumes”, associant étroitement les territoires ultra-marins » est un des volets du plan de résilience.

    © DR