La numérisation dans les filières agricoles et alimentaires

    0
    1163

    De l’agriculture de précision aux applis smartphone scannant les produits en passant par l’arrivée des Gafa dans l’alimentation, le numérique irrigue et transforme le système alimentaire dans ses moindres recoins.

    Lee développement des outils numériques est plus ou moins planifié et maîtrisé par les acteurs économiques ou politiques, reste relativement discret, peu lisible ou communiqué. La Fondation Daniel et Nina Carasso a commandé un panorama des développements du numérique dans les filières agricoles et alimentaires en France (à retrouver ici).

    Du fait de l’intégration toujours plus rapide des technologies numériques à tous les maillons des filières agricoles et alimentaires, les informations disponibles deviennent plus nombreuses, précises et rapidement accessibles. Leur utilisation par des procédés toujours plus sophistiqués vient bouleverser les métiers et même questionner les modèles économiques de plusieurs catégories d’acteurs privés de ces filières. Le cas le plus flagrant est celui de l’agriculture, où l’introduction des technologies numériques vient transformer en profondeur la prise de décision au sein des fermes. La récolte d’un grand nombre de données géolocalisées grâce à de multiples capteurs – mesurant l’état des sols, les besoins en eau et en fertilisants des plantes, les besoins en nourriture des animaux, etc. – et leur mise à disposition par des applications sur ordinateur et/ou smartphone ont pour objectif de remplacer l’observation de l’environnement naturel et le savoir empirique et intuitif des agriculteurs. Dans ce modèle, le métier d’agriculteur se passe ainsi de plus en plus derrière un bureau et « déconnecté » de son environnement de travail.

    Les conseils de bonnes pratiques agricoles sont partiellement issus des logiciels et des systèmes d’intelligence artificielle qui analysent en permanence les données chiffrées récoltées et les croisent avec d’autres informations externes (comme les prévisions météorologiques locales) pour indiquer aux agriculteurs « les bonnes quantités de produits à utiliser au bon endroit et au moment précis nécessaire », et ainsi optimiser les performances de leurs exploitations. La mise en œuvre de ces conseils peut même aujourd’hui passer par une utilisation de plus en plus importante de machines notamment guidées à distance – même si la décision ultime de mise en œuvre reste celle de l’agriculteur. Le marché de ces différentes technologies à destination de l’agriculture s’élèverait à environ 4 milliards d’euros par an au niveau mondial. En France, leur adoption n’en est encore qu’à ses débuts. Au-delà des exploitations agricoles, ces évolutions viennent questionner fortement le modèle économique des coopératives françaises, qui s’est historiquement construit sur l’offre de conseil agricole et la vente d’intrants. Face à cette mise en tension, les coopératives intègrent de plus en plus les outils numériques à leur propre travail de conseil et essaient de développer de nouveaux services d’accompagnement à destination des agriculteurs pour les aider à adopter ces outils dans leur quotidien.

    De même, les acteurs de la logistique alimentaire automatisent leurs opérations pour réduire leurs coûts et renforcer leur offre. Une nouvelle forme de distribution alimentaire se développe, hybridant les atouts du digital et l’offre physique de produits alimentaires , nommé « phygital ».

    © ESA