Le congrès Interpera a réuni les acteurs de la filière poire en Belgique ces 25 et 26 juin. Malgré la fragilité de la filière, des leviers d’adaptation et d’innovation sont identifiés.
La 17e édition d’Interpera, organisée par l’Areflh et le VBT, s’est tenue sur le campus Corda à Hasselt, en Belgique. Les 11 pays (dont 2 hors Europe) représentés et ses 150 participants ont témoigné de l’intérêt grandissant pour la poire : « Il s’agit d’apprendre, de partager des connaissances et de réseauter », a expliqué Pauline Panegos, secrétaire générale de l’Areflh. Toutefois, les défis auxquels fait face la filière sont nombreux. Dans son discours d’ouverture, Jo Brouns, ministre flamand de l’Agriculture, a souligné l’importance de lutter contre le changement climatique en insistant sur le triptyque recherche, promotion, coopération internationale comme piliers de travail.
Récoltes 2025 en bonne voie, à condition d’une météo clémente
Sous l’effet du changement climatique, la production européenne de poires connaît un basculement : en difficulté dans les pays du Sud, elle gagne du terrain dans ceux du Nord. La récolte 2024 en Europe a atteint 1,79 Mt (+5 % par rapport à 2023), avec des pertes significatives pour l’Espagne et la Belgique. Pour la campagne 2025, les chiffres s’annoncent contrastés avec des prévisions à la hausse pour l’Espagne (+31 %, 203 kt) et la Belgique (+25 %, 317 kt), une amélioration légère pour les Pays-Bas (+10 %, 350 kt), des volumes stables au Portugal (115 kt), mais une baisse annoncée en France (-9 %, 124 kT) avec néanmoins un accroissement des surfaces et l’arrivée de nouvelles variétés. L’Italie, 1er pays producteur européen (400 kt), reste prudente : ses principales variétés étant tardives, il est encore trop tôt pour se prononcer. Ces estimations sont à considérer avec prudence, la saison n’ayant pas encore pleinement révélé son plein potentiel.
Se réinventer pour transitionner
La baisse de la consommation de poires, notamment chez les jeunes, s’avère être l’un des principaux freins de la filière. Repenser son attractivité tant au niveau marketing que sur l’offre variétale semble impératif pour dynamiser le marché. Sur le terrain, le renouvellement des générations dans les vergers questionne. Les producteurs composent avec un manque de main-d’œuvre, accompagné de coûts de plus en plus élevés. C’est en partie par la robotisation que des réponses concrètes verront le jour au verger. L’ensemble des pays producteurs ont également exprimé leurs inquiétudes face au changement climatique, dont les effets sont désormais tangibles et récurrents. Les aléas climatiques imposent, entre autres, une gestion de l’eau plus fine et anticipée. Les conditions de production se compliquent également par la suppression de l’utilisation de certaines molécules actives pour la protection des vergers. Les experts de la poire ont dénoncé les décisions politiques européennes mettant à mal la rentabilité de la filière. Dans ce contexte aux défis multiples, il est nécessaire de maintenir un équilibre économique, car comme l’a souligné plusieurs fois Luc Vanoirbeek, secrétaire général du VBT : « Il n’y aura pas de durabilité écologique sans durabilité économique. »
Une démonstration de solutions techniques chez BelOrta et PC Fruit
Face à ces défis climatiques, économiques et techniques, les équipes de la coopérative BelOrta et du centre de recherche PC Fruit développent des solutions techniques applicables sur le terrain. En plein cœur de la région de l’Hesbaye, connue pour ses poires Conférence, se joue le futur de la filière belge : investissements importants en centre de tri et de conditionnement, expérimentations de nouvelles variétés, déploiement d’une agriculture de précision au verger pour favoriser la lutte intégrée des nuisibles. « C’est une recherche concrète et utile, avec un transfert rapide des connaissances vers les producteurs », a souligné Dany Bylemans, directeur général de PC Fruit.
Vous retrouverez plus d’infos dans le magazine de septembre, le n°435, pour un article dédié à la poire.