Océane poursuit sa dynamique et reste vigilante sur l’enjeu énergétique

    62

    La coopérative Océane a tenu son assemblée générale le 25 juin au sud de Nantes. L’occasion de faire le point sur une activité en croissance modérée et de rappeler les défis structurels qui pèsent sur le maraîchage, à commencer par celui de l’énergie.

    © végétable

    « Notre coopérative unit des maraîchers et des maraîchères spécialistes, engagés, fiers de leur métier », a déclaré Laurent Bergé, président d’Océane. En 2024, elle regroupe 59 structures adhérentes et mobilise 1 500 collaborateurs. Les 1 300 hectares de cultures en plein champ sont complétés par 120 hectares de serres et 120 hectares de GP (grands abris plastiques). Des outils « compliqués à installer », faisant référence aux procédures administratives, « mais qui deviennent indispensables face à l’intensification des aléas climatiques ». Les serres, quant à elles, montent en technicité et permettent d’améliorer l’efficience des intrants, la qualité et la productivité.

    En 2024, la coopérative nantaise a enregistré un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros, en hausse de 1,5 % par rapport à l’année précédente. Au total, 16,7 millions de colis ont été commercialisés, pour environ 80 000 tonnes de légumes, dont 92 % à destination du marché français, tous circuits confondus.

    Côté offre, la gamme d’Océane en 2025 couvre 30 produits et 500 références, réparties sur l’année et sur les différentes structures, pour garantir une offre continue. « Notre top 3 reste stable : la tomate représente 49 % du chiffre d’affaires, la mâche 16 % et le concombre 10 % », a précisé Christian Bardoul, nouveau directeur général de la coopérative. L’innovation n’est pas en reste, avec le développement du poivron Sweet Palermo, les premières mini-pastèques et l’arrivée annoncée, plus exotique, du pitaya.

    Des serres plus techniques, mais dépendantes d’une énergie chère

    Avec une part croissante de cultures sous serre, le plus souvent équipées de cogénération, la question énergétique est stratégique pour la coopérative. C’est pourquoi Océane avait convié Nicolas Meilhan, expert et conférencier, pour livrer son analyse sur les marchés mondiaux et européens de l’énergie. Dès l’introduction, il a posé un constat lucide : « La transition énergétique est plutôt géographique, car la délocalisation des usines a déplacé les emplois, la consommation énergétique et la pollution. »  Si les énergies fossiles diminuent en part relative dans le mix au niveau mondial, elles continuent d’augmenter en valeur absolue, notamment sous l’effet de la demande chinoise. Résultat : « Depuis trente ans, les émissions mondiales de CO₂ sont en hausse continue. »

    Concernant l’électricité, il a rappelé que la France occupe une position centrale dans le marché européen : « C’est une plaque tournante, notamment pour l’énergie décarbonée pilotable. » Mais les arbitrages à venir sur le mix – entre nucléaire et énergies renouvelables – seront décisifs. « Si le coût d’investissement dans le solaire ou l’éolien fait grimper les prix, les gens vont moins consommer. Or l’objectif est d’avoir une énergie la moins chère possible, abondante et bon marché. »

    Un écart qui fragilise la compétitivité

    Pour les serristes, la cogénération au gaz reste un levier clé de performance. Mais cette énergie fossile, « indispensable en complément des renouvelables et en transition du charbon », présente un paradoxe : locale (car difficile à transporter), mais trois fois plus chère en Europe qu’aux États-Unis. Un écart qui fragilise la compétitivité des Européens. « Il faut anticiper l’avenir, car le climat géopolitique est très incertain, avec des impacts possibles à court terme sur le marché du gaz », a averti Nicolas Meilhan. Dans un contexte où la résilience des productions passe par la régularité, la qualité et la maîtrise des coûts, l’énergie reste un facteur de vigilance majeure pour la coopérative comme pour l’ensemble de la filière maraîchère.

    Cette édition s’est clôturée sur une touche d’humour et de connivence, grâce à trois comédiens qui ont improvisé un compte-rendu des échanges à leur manière, pour le plus grand plaisir des producteurs et de leurs partenaires invités.

    © végétable