« Évolution et continuité » pour les professionnels

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    Après l’année internationale des fruits et légumes, 2022 sera celle de la gastronomie. D’autres sujets ne manqueront pas de piment pour les professionnels, comme les suites de la loi Agec ou le « décrochage » du bio.

    Avec 2021 s’est achevée l’Année internationale des fruits et légumes, qui a permis « un grand nombre d’événements malgré les confinements », s’est félicité Laurent Grandin, président d’Interfel, le 18 janvier lors des vœux de début d’année. Les partenaires de renom Hélène Darroze en tant qu’ambassadrice et le parrain Guillaume Gomez – qui restera partenaire en 2022 de l’Acofal – se sont largement mobilisés en faveur de la consommation des fruits et légumes. Un temps fort en milieu d’année avait été enregistré au Musée des arts forains à Paris lors du lancement de la fête des fruits et légumes frais, sans compter toutes les actions en région. Pour 2022, la profession espère « continuer sur cette lancée » sous le sceau de la gastronomie, malgré la poursuite de la pandémie. « Mais c’est classique dans nos métiers, nous sommes habitués à nous adapter en permanence. »

    Il faudra en effet une dose d’adaptation, comme de persévérance et d’agilité pour affronter d’autres sujets bien réels qui se posent à la filière. À commencer par faire face à l’inflation générale dans les produits alimentaires, conjointement à la flambée des prix de l’énergie (+ 47 % depuis l’automne), qui appellera à poursuivre « un effort collectif pour porter des campagnes transversales ciblant le consommateur ». En clair, ne pas baisser la garde sur les enjeux de santé publique, certaines catégories de population restant chroniquement sous-consommatrices, les jeunes notamment. « Manger des fruits et légumes est un message simple et évident où il y a un consensus scientifique limpide sur leurs bienfaits, et pourtant il est important de continuer à le faire circuler. Les régimes alimentaires déséquilibrés sont la première cause de mortalité dans le monde et près d’une personne sur deux est en surpoids ou obésité », a rappelé Chrystel Teyssèdre, présidente d’Aprifel. L’enjeu pour 2022 sera de continuer à « renforcer tous les partenariats » noués entre des experts scientifiques indépendants comme la société civile. Un accent particulier sera mis sur les scolaires (par exemple par des concours proposés aux classes) et le grand public à travers des séries TV. « En deux mots, nous sommes à la fois dans une évolution et une continuité de nos actions déployées depuis quarante ans », a résumé Chrystel Teyssèdre.

    D’autres sujets appellent à la vigilance de chaque instant. Le « vrai décrochage du bio », avec une baisse conjoncturelle « brutale » de 10 % en volume à fin octobre et – 3,7 % des dépenses par ménage par rapport à 2020*, a généré une alerte qui montait depuis plusieurs mois, en filière pomme notamment. Parmi les pistes d’actions, Interfel lance une étude pour analyser précisément les ressorts de l’adéquation offre/demande, une campagne de communication spécifique courant février, en complément des actions menée par l’Agence bio, et s’inscrit dans un programme européen en lien avec la filière lait.

    Enfin, parmi les sujets brûlants, celui de l’application de la loi Agec. Le recours de la profession, formulé au Conseil d’état au 31 décembre dernier, demandant de reporter l’application de la loi, a été rejeté le 5 janvier pour « défaut d’urgence ». La profession s’y attendait, le décret étant paru en octobre dernier. Interfel pointe notamment l’article 80 concernant les étiquettes adhésives, « dans l’attente que des solutions généralisables puissent être trouvées », sans remettre en question la sortie du plastique à terme. Aidé d’un expert juridique, l’interprofession va continuer de pousser au niveau européen le sujet des distorsions de concurrence que cette loi entraîne, et de l’information au consommateur.

    Pour le CTIFL, sous gouvernance interprofessionnelle, Jacques Rouchaussé, fraîchement réélu en tant que président, a rappelé les quatre axes stratégiques qui animent cette institution vielle de soixante-dix ans : qualité des produits, réduction des pesticides, robotisation-mécanisation, digitalisation. Pour chacun, des projets ambitieux sont à l’œuvre. Citons la plateforme TIS (Technique des insectes stériles) à Balandran dont végétable s’est déjà fait écho (voir notre édition de septembre) ou la plateforme d’innovations Titec à Lanxade, « pour assurer la compétitivité de la filière avec l’ensemble des stations et agir plus vite demain ». 2022 verra également la naissance de nouveaux partenariats avec deux stations de l’outre-mer (Guadeloupe et La Réunion) pour mieux comprendre le dérèglement climatique. Pour tous ces développements, Jacques Rouchaussé n’oublie pas d’appeler de ses vœux davantage de moyens : « Un euro investi par la profession doit côtoyer un euro investi de la part du ministère pour accélérer les recherches et répondre aux attentes sociétales. »

    Précisons ou rappelons enfin un changement en ce début d’année, qui voit le départ en retraite du directeur général Louis Orenga. Alexis Degouy sera amené à le remplacer progressivement sur les trois entités Interfel-CTIFL-Aprifel en 2022. Son parcours sera plus précisément détaillé courant février.

    Laurent Grandin et Jacques Rouchaussé ont présenté leurs vœux.