Des technologies pour réduire les pertes après récolte

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    Eau chaude, ozone, lumière constituent des traitements post-récolte efficaces face aux maladies de conservation.

    © végétable

    Le CTIFL a organisé une rencontre technique sur la conservation et les technologies post-récolte à Saint-Rémy-de-Provence, le 26 novembre dernier. Le centre technique et ses partenaires invités (École d’ingénieurs de Purpan, Université d’Avignon, Cefel, Critt agroalimentaire Paca, Inrae) ont présenté des résultats d’enquêtes et expérimentations pour répondre à 3 enjeux de la filière fruits et légumes : réduire les pertes post-récolte dans un contexte de changement climatique et de diminution des molécules de traitement disponibles, maintenir la compétitivité des entreprises face à l’augmentation des coûts de l’énergie, et préserver la qualité des récoltes pour le consommateur.

    Concernant le premier volet, des essais de traitements post-récolte par thermothérapie ont été menés par le CTIFL à l’échelle industrielle/semi-industrielle et en partenariat avec les équipementiers Xeda International et Crovara. Cette méthode consiste en l’application d’eau chaude par douchage ou trempage des fruits et légumes, en respectant des couples temps/température spécifiques qui permettent de détruire une partie de la flore fongique de l’épiderme des produits tout en préservant leur qualité.

    Efficacité sur les pathogènes de fruits

    Ces essais, présentés par Sébastien Lurol et Patricia Sanvicente, ingénieurs du CTIFL, montrent une très bonne efficacité sur les pathogènes de fruits comme la pomme, la pêche, la prune mirabelle ou le raisin de table, mais aussi de légumes comme le potimarron, permettant de réduire jusqu’à 90 % les taux de fruits pourris. Les bonnes pratiques restent toutefois de mise : « Calibreuses et chaînes de conditionnement peuvent provoquer des contaminations secondaires après traitement (mises en évidence sur pêches et nectarines). Une chaîne dédiée est nécessaire en aval d’une machine eau chaude, ce qui peut être un frein au développement de la thermothérapie sur ces espèces et nécessiter des changements de pratiques. Il faudra sans doute, à terme, évoluer vers des équipements agroalimentaires plus faciles à nettoyer et désinfecter », a indiqué Sébastien Lurol.

    Par ailleurs, Marielle Pages-Homs, ingénieure de l’École d’ingénieurs de Purpan, a présenté des résultats de recherche sur le traitement des fruits et légumes à l’ozone sous forme gazeuse en chambre de stockage : « L’ozone a un effet antifongique avéré sur de nombreux pathogènes de différentes filières. » L’ozone est en effet très utilisé pour le traitement des eaux usées, pour ses propriétés oxydantes et peu rémanentes, et est autorisé pour un usage biocide. Mais son utilisation sous forme gazeuse sur les fruits et légumes frais n’est pas à ce jour autorisée en Europe.

    Élargir l’autorisation de l’eau ozonée

    L’eau ozonée l’est actuellement en France pour le lavage des salades de 4e gamme. Pour les autres espèces de fruits et légumes, un groupe de travail sur l’ozone, piloté par l’EI Purpan et intégrant le CTIFL, des équipementiers, d’autres centres de recherches et des organisations professionnelles, œuvre depuis 2023 pour élargir l’autorisation de l’eau ozonée en post-récolte. Des données techniques et des essais sont en cours de réalisation pour construire un dossier de demande d’autorisation pour les fruits et légumes frais.

    Enfin, Florence Charles, chercheuse de l’Université d’Avignon, et Ghislaine Monteils, expérimentatrice du Cefel, ont exposé l’intérêt des traitements lumineux sur la réduction des pertes post-récoltes. Les UVC ont notamment un effet germicide additionné d’un effet hormétique : ils activent les systèmes de défense des végétaux.