Comment les technologies contribuent à améliorer la gestion de l’eau en agriculture

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Des solutions technologiques et agroécologiques pour mieux gérer la ressource en eau ont été présentées lors de la journée technique organisée par Bretagne développement innovation.

Journée technique Agretic en Bretagne
© végétable

Dans le cadre du programme Agretic, à l’interface des filières agri-agro et numérique, 80 participants, dont de nombreux conseillers des Chambres d’agriculture, étaient réunis à la station expérimentale de Kerguehennec à Bignan (56), le 4 juillet 2023, sur le thème de la gestion de la ressource en eau. Des offreurs de solutions numériques et agri-équipementiers étaient également présents, et l’après-midi consacrée à des démonstrations sur le terrain.

Dans la matinée, plusieurs interventions ont mis en lumière les solutions envisagées ou déjà disponibles pour optimiser l’usage de l’eau dans un contexte de changement climatique. Dans le cadre du métaprojet Climatveg, Vegenov étudie l’impact du stress hydrique sur le système racinaire du chou-fleur et développe des outils de phénotypage basés sur l’acquisition d’images.

Accélérer l’adaptation au changement climatique

« La corrélation entre le système foliaire et le système racinaire permet de prédire, à un stade précoce de croissance, le potentiel de chaque variété. In fine, l’enjeu est de raccourcir le temps de sélection pour accélérer l’adaptation au changement climatique », a expliqué Céline Hamon, co-directrice de Vegenov. Autre exemple, la société Kermap propose un suivi satellite des parcelles en temps réel, permettant de vérifier l’efficacité des pratiques en agriculture régénératrice, et pourquoi pas de les traduire en rémunération de l’agriculteur pour les services rendus.

De son côté, c’est grâce à l’analyse spectrale que la société Photonics Bretagne analyse le stress hydrique des cultures. Son projet collaboratif Eyecrop, labellisé par Vegepolys Valley, vise à développer un instrument de mesure portatif, avec une interface utilisateur embarquée sur le terrain, « qui permettra facilement aux techniciens de détecter précocément les symptômes sur les feuilles des plantes, qui peuvent être provoqués par le stress hydrique, ou en lien avec la fertilisation », selon Stéphane Perrin, expert en biophotonique.

Une augmentation du stress hydrique

En introduction, Serge Zaka, consultant indépendant en agroclimatologie, a présenté les évolutions climatiques locales entre 1950 et 2100. « La Bretagne est d’une des régions qui s’en sort le mieux », a-t-il résumé. Comme ailleurs en France, la Bretagne ne devrait pas connaître d’évolution significative du cumul de précipitations annuel, mais celles-ci se produiront de façon plus contrastée entre l’hiver et l’été.

« Cette évolution de la saisonnalité des précipitations aura un fort impact sur les cultures, du fait d’une augmentation du stress hydrique en été et au printemps. » Autre effet du changement climatique, le taux de CO2 atmosphérique tend à augmenter. Avec un effet favorable pour la photosynthèse, plus ou moins marqué suivant les cultures. « Pour le blé dans le Nord de la France, les projections montrent que cet effet CO2 prend le dessus sur l’effet négatif de la sécheresse et devrait améliorer les rendements », a prédit Serge Zaka.

« En revanche, ce n’est pas vrai pour le maïs, qui ne profite pas de l’effet positif du CO2 et pour lequel les projections de rendement sont à la baisse, a fortiori dans le Sud. » Pour s’adapter à ces nouvelles conditions, l’agroclimatologue a rappelé les deux leviers possibles : sobriété et efficacité de l’utilisation de l’eau.

Serge Zaka à Agretic
Serge Zaka. © végétable