Le président du marché de gros de Lyon-Corbas témoigne à la fois de la bonne tenue de l’activité du marché durant la crise et depuis le déconfinement, mais aussi de l’épuisement des hommes.
« La période a été lourde, contraignante, avec l’instauration des mesures barrières, la fermeture des magasins aux client. Cette rigueur a été respectée durant tout le confinement, mais cela devenait intenable », assume Christian Berthe, président du marché de gros de Lyon-Corbas. « Encore aujourd’hui, la plupart de nos collaborateurs portent le masque, derrière lequel ils suffoquent, en manipulant colis et palettes de 3 heures du matin jusqu’à midi. » Côté clientèle, après la phase initiale de sidération qui a exclu du jeu tout un pan de la filière, restauration, détaillants sur marché, les acteurs de proximité ont vu leur activité s’intensifier et compenser les flux perdus par ailleurs, alors que les prix connaissaient une nette inflation. Du coup, la période a été positive en terme d’activité, portée, il faut aussi le souligner, par une météo très favorable à la consommation de fruits et légumes frais. « Les choses se seraient passées bien différemment si la météo n’avait pas été de notre côté », observe Christian Berthe. « Car notre activité reste très “météosensible”. »
Le commerce indépendant de proximité a donc très bien travaillé durant le confinement. Cette dynamique a un peu fléchi depuis le 11 mai, mais elle reste cependant à un niveau élevé. « On a tressé des lauriers à la grande distribution pour son rôle durant la période de crise, mais toute cette filière gros/détaillants a aussi pleinement assumé son rôle et participé à l’effort d’approvisionnement. Il faut aussi mettre en avant le rôle de ces acteurs pour répondre à la demande », déclare Christian Berthe, qui aimerait que l’on déploie un environnement plus favorable au petit commerce. Désormais, la difficulté est de gérer le comportement des gens en période post-confinement : « Il y a beaucoup d’indiscipline et d’incivilité, de manque de respect, alors que ces comportements étaient marginaux durant la période de confinement. Le Covid est aussi révélateur d’une politique axée sur le tout métropole, qui génère l’anonymat. Or ce qui fait l’indiscipline, c’est les gens qui ne se connaissent pas. » Il faut aussi composer avec le retour sur le marché d’une population qui n’a pas pu travailler durant deux mois et qui a « le couteau entre les dents », car besoin de « se refaire ». Celle-ci fait pression sur les prix, qui pour le moment se tiennent plutôt bien. Les marchés forains reprennent progressivement et Christian Berthe s’attend à une ouverture tous azimuts à partir du 22 juin. Enfin, concernant la préférence au produit local, si celle-ci est devenue un marqueur de la période, la réalité du terrain est têtue : les ventes de produits locaux n’ont pas explosé au cours des derniers mois. On en parle simplement davantage !