Nouvelle-Calédonie : l’interprofession fait bouger la filière

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    En première ligne face aux dérèglement climatiques, l’IFELNC (Interprofession fruits et légumes de Nouvelle-Calédonie) se mobilise et fait preuve de résilience. Une situation intéressante à observer pour la métropole qui pourrait connaitre de pareilles perturbations dans le futur.

    Avec une grande part de production familiale et des exportations très faibles, 70 % des légumes et 50 % des fruits consommés en Nouvelle-Calédonie sont produits localement. Mais après deux années de conditions climatiques très dégradées, cette production domestique s’est fortement réduite. En 2021, la production de fruits a diminué de 24 % et de 17 % pour les légumes par rapport à l’année précédente. « Au niveau insulaire, nous subissons un phénomène très impressionnant appelé la niña, qui est de plus en plus long et de plus en plus fort. À chaque épisode pluvieux, tout le monde a les pieds dans l’eau. Cela engendre évidemment des difficultés de conservation. Et à certaines périodes, les cyclones créent de fortes pluies, des vents violents et des embruns salés qui brûlent les cultures », selon Chloé Fillinger, directrice de l’IFELNC (Interprofession fruits et légumes de Nouvelle-Calédonie). Les dégâts peuvent être durables, comme en avocat où les vergers sont détruits, faisant passer la récolte de 130 tonnes en 2015 à 24 tonnes en 2022. Toutes les productions locales sont en régression du fait du changement climatique. L’agriculture en général a beaucoup souffert et certaines exploitations ont cessé leur activité. Des manifestations ont lieu pour alerter les institutions et leur demander un soutien.

    © Marine Reveilhac

    L’archipel connaît aujourd’hui des difficultés pour importer des marchandises de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande voisines, qui ont elles aussi connu de grosses pertes de rendement et limitent leurs exportations. Dans un contexte international contraint du fait de la crise sanitaire (difficultés d’approvisionnement et hausse des tarifs de fret), « on atteint des seuils critiques. Sur certains produits comme la courgette il pourrait y avoir des ruptures », prévient Chloé Fillinger. Dans ces conditions, la lutte contre le gaspillage devient une priorité. « Notre objectif est d’améliorer la qualité globale de la production jusqu’au rayon, dans un objectif de sécurité alimentaire, pour garantir de nourrir la population. » Créée en 2015, l’IFELNC est une instance d’échange entre les opérateurs de la filière. Outre leur mise en lien et un travail de connaissance de l’offre, cette association se donne pour mission de faire monter en compétence les professionnels et de favoriser la consommation des fruits et légumes auprès du grand public. Depuis 2019, le CTIFL intervient sur les maillons aval, en complément de la formation sur la partie agricole en amont. La dynamique impulsée par ces formations s’illustre ensuite lors d’un concours d’étalages organisé chaque année sur une quarantaine de points de vente. « On constate + 30 % de chiffre d’affaires dans certains magasins grâce aux efforts de théâtralisation et d’entretien du rayon par les équipes », se réjouit Chloé Fillinger.

    Les producteurs néocalédoniens ont commercialisé environ 12 000 tonnes de légumes et 4 000 tonnes de fruits en 2021, 19 % de moins que l’année précédente.
    Source : bilan annuel 2021 DAVAR/SAR/Pôle statistiques et études rurales