Mieux valoriser la production agricole française en restauration

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    Initiateurs de la démarche, les dirigeants de Metro France ont signé le 28 janvier, avec 10 fédérations professionnelles de l’agriculture et de la restauration, une charte visant à promouvoir l’origine France au sein de la restauration indépendante et du commerce des métiers de bouche.

    Le plateau des signataires dans le salon Gustave Eiffel au premier étage de la tour éponyme, à Paris, était impressionnant avec, outre la direction générale de Metro France, la présidente de la FNSEA, entourée des présidents de nombreux syndicats agricoles spécialisés dont Légumes de France, mais aussi de l’UMIH et du GNI (respectivement premier et deuxième syndicat de la restauration indépendante) ainsi que de la CGAD (interprofession des métiers de bouche) et de la Feef (Fédération des entreprises et des entrepreneurs de France). Tous ont convergé sur le constat de la dégradation continue de la part de l’origine France dans l’alimentation des Français, notamment dans la restauration, et partagé la volonté de stopper, voire de retourner cette tendance.

    Car cette situation est paradoxale : selon l’OCDE, la France impose à ses agriculteurs des normes bien plus exigeantes que les autres pays européens. Elle est également considérée comme le pays disposant le modèle alimentaire le plus durable parmi 67 autres. Pourtant, le secteur de la restauration hors domicile s’approvisionne à 80 % hors de France et, depuis août 2019, la balance agricole française est devenue négative ! Engagé depuis dix ans avec Légumes de France pour des approvisionnements de proximité avec la charte 100 % local (60 % des légumes distribués par Metro sont français, contre 50 % en moyenne), Metro, par ailleurs premier fournisseur de la restauration indépendante, se saisit du sujet et se veut catalyseur d’un mouvement que le grossiste se dit prêt à élargir à d’autres enseignes concurrentes. A la FNSEA, Christiane Lambert s’est montrée particulièrement enthousiaste envers cette démarche : « Dans l’élan des États généraux de l’alimentation, de la loi Egalim, nous soutenons les initiatives privées et le volontarisme d’acteurs qui manifestent leur sens des responsabilités. Il faut raconter de belles histoires de terroirs dans les restaurants, créer de la valeur, stopper la spirale déflationniste des produits importés de peu de valeur. » Pour Légumes de France, Jacques Rouchaussé affirme être « prêt à installer de jeunes agriculteurs si la dynamique ainsi activée le justifie ».

    Dans le cadre de la Charte origine France dont Metro France est l’initiateur, l’enseigne se positionne comme un trait d’union entre les différents signataires et aide à créer des synergies pour revaloriser les produits agricoles français bruts sur les cartes des restaurants et sensibiliser le consommateur final sur l’origine et la qualité des produits. La charte se donne trois ambitions majeures : construire des dynamiques de réseaux et d’actions d’acteurs majeurs de la filière alimentaire française, créer sur tous les territoires des temps de réflexion au sein des filières et des temps de communication autour d’événements avec les acteurs locaux, viser une augmentation de la part de l’origine France au sein des produits bruts utilisés dans la restauration indépendante. Cette augmentation sera évaluée tous les ans grâce à la mise en place d’indicateurs avec tous les signataires. Pour sa part, Metro va organiser des événements locaux sur l’ensemble de ses 98 entrepôts dès le 24 mars. D’autres évènements sont prévus en juin dans les fermes adhérentes aux fédérations signataires, en septembre chez les fournisseurs PME, et en décembre chez les restaurateurs indépendants. La question de la répartition de la valeur est aussi au cœur du projet, en phase avec le schéma contractuel prévu par la loi Egalim, incluant la prise en compte des indicateurs de coût de production dans la construction du prix.

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