Les Flamands adaptent leur modèle

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    Les cadrans belges font face à une période difficile. Fortement impactés par la crise énergétique, ils sont contraints de revoir leur modèle de production douze mois sur douze.

    En 2023, la coopérative Hoogstraten ajuste ses prévisions de campagne. Les volumes de tomates devraient rester stables mais avec un rééquilibrage de la gamme vers les grappes (90 ha contre 55 ha), au détriment des tomates de diversification (90 ha contre 125 ha). Ce virage est opéré pour des raisons énergétiques, tout d’abord. Car la rentabilité des tomates dites spécialités est plus faible que le rendement des tomates grappe. « Les producteurs ont besoin d’être rassurés sur la capacité de leur système d’exploitation à générer de la marge, après deux années compliquées », explique Jan Engelen, directeur marketing de Hoogstraten. Le groupement Den Berk Délice (quatre producteurs sur 85 ha de serres au sein de la coopérative Hoogstraten) devrait reprendre en 2023 l’éclairage de la moitié de ses serres de tomates, mais l’énergie coûte deux fois plus qu’en février 2021. « Ils ont donc établi un partenariat avec un producteur marocain pour prendre le relais des tomates cerises vrac de différentes couleurs, car leur coût de production a explosé en Belgique. Seules les tomates grappes restent en Belgique l’hiver. » L’autre raison de ces ajustements de la gamme est la disponibilité de variétés grappe résistantes au virus, alors qu’elles ne sont pas encore développées pour les tomates spécialités.

    © végétable

    Par ailleurs, Hoogstraten annonce une augmentation importante de sa production de concombre, passant de 11 à 25 ha. « Cette culture de concombre prendra le relais de la tomate à l’automne, nous travaillons en partenariat avec la coopérative Belorta et nous prévoyons 14 millions de pièces sur cette campagne. » Les surfaces cultivées en poivron restent stables en 2023, autour de 110 ha. Et les surfaces de fraises, fleuron de la coopérative Hoogstraten, sont aussi constantes depuis dix ans, avec 44 % des cultures en serres hors-sol, 40 % sous tunnels plastique, et 15 % en plein champ l’été. « Pour la fraise, notre défi est de trouver des variétés alternatives à Elsanta, variété historique qui représente aujourd’hui 60 % des surfaces et reste la plus appropriée à notre climat. »

    Comme ses homologues, la coopérative belge Hoogstraten voit le nombre de ses adhérents décroître. La production est aujourd’hui recentrée sur 200 exploitations, contre 2 000 dans les années 80, ce qui a l’avantage de permettre une communication directe et régulière avec les producteurs. Le challenge est bien de maintenir son attractivité malgré le contexte inflationniste et l’agribashing ambiant. « Les prix de l’énergie se sont stabilisés mais à un niveau assez haut, le système est remis en question. Nous avons atteint un maximum et nous nous attendons maintenant à une phase de décroissance de la production. Et les difficultés pour obtenir des permis de construire, les pressions politiques et sociétales sur la durabilité des exploitations agricoles n’arrangent rien », confirme Dominiek Keersebilck, directeur commercial de Reo Veiling. « La population a pris conscience de l’importance de l’alimentation locale pendant la période de crise. Malheureusement, nous constatons un certain repli sur soi. Défendre l’image de l’agriculture face à une défiance d’autant plus marquée dans les zones très urbanisées comme les Flandres et faire face aux pressions de la distribution, mais avec toujours la volonté de produire sain et avec beaucoup de goût, est indispensable pour continuer à avancer, et la sélection variétale y contribue. »

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