“Le commerce agri-agroalimentaire face à une économie de guerre”

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    La FC2A, réunie en congrès annuel le 2 décembre dernier à Beaune, a choisi une tonalité martiale pour tirer un bilan de cette année difficile sur le plan des échanges commerciaux, proposer des solutions et en appeler aux pouvoirs publics.

    « Le commerce agricole et agroalimentaire face à une économie de guerre » était le sujet en débat à l’initiative de la FC2A (Fédération du commerce agricole et agroalimentaire)*, réunie en congrès annuel le 2 décembre dernier à Beaune (71). Car c’est un euphémisme de rappeler que le conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie a eu des répercussions sur les entreprises du commerce agri-agroalimentaire. Le colloque s’est ouvert sur les conséquences géopolitiques du conflit, en particulier sur les échanges internationaux, avec l’expérience et la vision du capitaine de frégate Édouard de Vallée, qui a insisté sur la nécessité « d’assurer au niveau maritime », cette voie représentant 90 % des échanges commerciaux.

    © FC2A

    Deux tables rondes se sont ensuite succédées. La première a permis d’analyser les risques en matière d’approvisionnement, leurs conséquences sur les différentes filières et les moyens mis en œuvre pour apporter des solutions. La seconde a réuni les principaux porte-paroles issus des entreprises adhérentes des fédérations membres de la FC2A. Chacun, pour sa filière, a mis en avant les difficultés rencontrées, entre flambée des cours des matières premières et des intrants, de l’énergie, management des ressources humaines, etc., ainsi que les solutions d’adaptation mises en place pour limiter au maximum les impacts. À l’issue du colloque se sont ainsi exprimés les représentants des filières fruits et légumes (Régis Lhoutellier, vice-président de l’Aneefel, et Marc Morellato pour la filière pomme de terre via Fedepom), œufs (Snipo), commerce en bestiaux (FFCB), et la plus puissante, la FNA (Fédération du négoce agricole). « Notre filière est surtout impactée par le surcoût de l’énergie et des carburants, ce qui augmente le prix de revient. Nous aimerions un encadrement de ces coûts pour que cette situation ne vienne pas mettre à mal nos entreprises », sollicite Régis Lhoutellier. Contraintes identiques en filière pommes de terre, même si tout n’est pas noir : « Il y a quand même une notion de résilience dans les fruits et légumes. Nous trouvons des solutions pour réussir à livrer les produits et conjuguer l’effet inflationniste. Les fruits et légumes ne sont pas les plus chers ! » résume Marc Morellato. La filière doit toutefois faire face à d’autres difficultés qui s’additionnent, tels les effets de la loi Agec. En synthèse, « le contexte de guerre nous pousse à être protectionniste avec nos activités », selon Angélique Lhuillier (FFCB).

    Le plan de sobriété énergétique adopté au niveau national, les accords sur le marché européen de l’électricité, les réserves stratégiques de gaz ont été évoquées au cours des prises de parole. Partage d’expériences, affirmation du caractère essentiel de la production dans une économie de guerre en lien avec le commerce pour assurer la sécurité alimentaire, sont particulièrement soulignés. Gérard Poyer, président de la FC2A, indique en conclusion du colloque : « Nous attendons des pouvoirs publics une réelle reconnaissance de notre rôle. Nous renouvelons nos demandes de siéger au Conseil national de l’alimentation et d’être identifiés comme des opérateurs d’importance vitale, au même titre que d’autres métiers essentiels à la nation. » Concrètement, les professionnels attendent « un accompagnement accessible de l’État en tenant compte de [nos] spécificités, non plus basé sur le seul chiffre d’affaires », ainsi que « des mesures d’accompagnement à l’investissement pour tenir compte de la situation exceptionnelle » et d’une « baisse des impôts de production ».

    © FC2A

    * Créée en 2014, la FC2A est une confédération regroupant plusieurs branches du commerce agri-agroalimentaire, dont, pour la filière fruits et légumes, l’Aneefel (expéditeurs-exportateurs) et Fedepom (négociants en pommes de terre, ail, oignon, échalote et légumes en gros). Elle représente 1 000 entreprises sur le territoire, 15 Md€ de CA, 25 000 emplois directs.

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