Apparue en France au début des années 2000, la fusariose de l’ail s’est imposée comme un fléau silencieux mais redoutable.
Provoquée par deux champignons du genre Fusarium, principalement F. proliferatum, la maladie se manifeste par des taches brunes internes sur les caïeux, sans altération visible des tuniques extérieures. Ce caractère insidieux complique son dépistage avant le stockage, période où les symptômes s’aggravent.
Certaines années, jusqu’à 90 % des bulbes peuvent devenir impropres à la commercialisation, notamment chez l’ail rose, très prisé sur le marché. Les pertes de rendement et de qualité concernent aussi bien les producteurs d’ail de consommation que ceux de plants certifiés. Face à l’absence de traitements chimiques efficaces, la recherche s’oriente vers des solutions agroécologiques et des outils de détection précoce.
C’est dans ce contexte que l’Inrae d’Avignon, sollicité dès 2017 par l’association Prosemail, mène depuis plusieurs années des travaux sur la fusariose. Le projet Garlic (2022-2025), financé par le Casdar et labellisé GIS Piclég, visait à évaluer la sensibilité variétale, détecter les agents pathogènes dans les lots de semence et mettre au point des méthodes alternatives à la chimie.
Des résultats encourageants
L’objectif : garantir des plants certifiés indemnes de fusariose. Les premiers résultats concluent au rôle d’un facteur déclenchant externe, encore non identifié. Les travaux se poursuivent en lien avec l’Inrae et l’école de Purpan pour expliquer ce phénomène. Des projets complémentaires, comme Synergies (du CTIFL), explorent l’usage de composts et produits de biocontrôle, avec des résultats encourageants. Une approche intégrée combinant sélection variétale, rotation des cultures, pratiques post-récolte et innovations, s’impose comme indispensable pour enrayer la progression de cette maladie.
Dans l’attente de précisions, « les producteurs qui le peuvent investissent dans des équipements de stockage, puisqu’il a été prouvé qu’une conservation dans des chambres maintenues à moins de 20°C permet de stopper le développement du champignon, qui reste toutefois présent dans les bulbes », explique Céline Vezian, directrice générale adjointe d’Alinéa. La filière ail de consommation, concentrée en Occitanie, reste économiquement fragile. « Même si, ces dernières années, les conditions ont été moins favorables au développement de la maladie, le sujet de la fusariose reste toujours d’actualité. »
Et coup du sort, alors que cette année la pression fongique était faible, les producteurs d’ail rose ont subi un fort épisode de grêle, ravageant totalement certains champs. « On estime les pertes en production à environ 60 % : c’est catastrophique pour la filière ! » Seule consolation, les semences ayant été moins touchées, cet incident ne devrait pas avoir de répercussions sur la prochaine campagne.