Jusqu’où ira la crise agricole ?

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    Si chaque pays a ses propres récriminations, tâchons de poser quelques faits et de pointer les premières déclarations officielles, en France.

    réunion Marc fesneau
    © Ministère Agriculture et Souveraineté alimentaire

    À l’heure où nous écrivons ces lignes, nul ne sait jusqu’où mènera la colère du monde agricole, en Allemagne ou en France, avec un mouvement initié dans le Sud-Ouest… et dont la plupart des doléances concernent finalement le secteur agricole mondial. Chaque jour apporte son lot de nouvelles actualités, parfois dramatiques, comme le décès accidentel de cette jeune agricultrice Alexandra Sonac et de sa fille, à Pamiers, en Ariège, sur un barrage routier.

    Depuis le début des soulèvements, nombreux sont les acteurs – syndicats agricoles dans leur ensemble et organisations professionnelles, institutions et associations, grandes écoles, entreprises… – à s’exprimer, prendre position, soutenir dans leur majorité, ou simplement commenter cette actualité brûlante.

    En synthèse des éléments communiqués, on peut affirmer que la gronde exprime un mal-être agricole grandissant, généralisé, face à de nombreuses injonctions : politique européenne, surtransposition nationale de directives communautaires, déséquilibres économiques d’exploitations prises en étau entre une explosion des charges et des prix de vente jugés pas assez rémunérateurs, distorsions de concurrence avec certains produits d’importation, augmentation du Smic de 12 % en deux ans, difficultés croissantes de recrutement, lourdeur administrative, etc.

    Les récriminations sont multiples et pour la plupart, ne datent pas d’aujourd’hui. Au fond, comment produire durable – ce qui implique des surcoûts en production – en faisant peser la responsabilité sur le seul maillon de la production ? Comment attirer des jeunes vers le métier si les exploitations ne sont pas viables ? « Si l’on devait résumer les choses, il y a deux sujets : un sujet de confiance et un sujet de cohérence », exprime à chaud Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, poursuivant les échanges avec les syndicats agricoles et le gouvernement à date.

    Le monde agricole demande par-dessus tout, un choc de simplification administrative, réglementaire, et de compétitivité, mais aussi : une pérennisation définitive du système d’exonération de charges TODE (travailleurs occasionnels demandeurs d’emploi) et un système similaire pour salariés agricoles permanents, un accompagnement des transitions par un investissement massif, mieux valoriser les externalités positives des pratiques agroécologiques, le respect des lois Égalim…

    Au fond, beaucoup de requêtes, parfois différentes eu égard à certaines spécificités des filières (la nôtre bénéficie des premiers effets du Plan de souveraineté qui, lui, est fléché spécifiquement, mais les principales mesures portent sur des effets à long terme). Difficile de répondre à « tout, tout de suite ».

    Dans le script des premières annonces, le ministre s’engage par principe à faire un état des lieux des « mesures que l’on peut avoir en tête, celles qui ont été exprimées [par le monde agricole], celles que nous avions déjà en tête. Dans les prochains jours, qu’on puisse apporter des réponses. Et je dis bien que c’est une question de jours. »

    Il annonce dans le même temps repousser le projet de Loi d’orientation agricole : « Non pas pour reculer, mais justement pour aller plus loin, ce qu’on peut dire en termes de souveraineté. C’est une question de semaines ». La suite, rapidement.