Interprofession : dans le dur en 2024

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    Presque un an après l’annonce « historique et exceptionnelle » du Plan de souveraineté pour les fruits et légumes frais, la désormais traditionnelle conférence de début d’année des trois interprofessions Interfel-CTIFL-Aprifel le 23 janvier a été un moment de partage des temps forts de l’année écoulée et des perspectives pour 2024.

    Interfel
    © végétable

    Pas d’annonces de mesures exceptionnelles, mais toujours des défis majeurs à relever, à commencer par celui de parvenir à une consommation de 400 g de fruits et légumes frais par jour. Les données confirment la tendance d’une « déconsommation » en volume (-3 %) liée en partie au manque d’offre de légumes début 2023 suite à la sécheresse, une diversification des circuits de distribution fréquentés et une accélération de la déstructuration des instants de repas (moins d’entrées, davantage de petit déjeuner et planches apéro). Un plan d’action renouvelé – et de financements via le 4e axe du plan de souveraineté fruits et légumes –, en partie porté par Aprifel qui jouit de sa nouvelle reconnaissance d’association d’intérêt général depuis plus d’un an, vise à corriger cette tendance baissière qui interpelle au-delà des effets conjoncturels.

    Appels à projets

    L’autre grand sujet du moment et qui va occuper la filière pendant plusieurs années, c’est le Plan de souveraineté pour les fruits et légumes frais, avec ses 200 millions d’euros engagés par an pendant une dizaine d’années. À date, 50 % du budget de la première année sont déjà engagés dans les AAP (appels à projets).

    À l’heure où gronde le terrain, la force des positions prises par la filière seront évaluées. « Le plan de souveraineté fruits et légumes est celui de la dernière chance : s’il ne donne pas des perspectives, pas assez d’installations, s’il ne permet pas d’atteindre les 60 % de taux d’approvisionnement national comme les autres grands pays européens du bassin méditerranéen (50 % actuellement), alors il y a un vrai risque de décrochage de la production dans les dix ans qui viennent par rapport à la consommation. Il était temps d’avoir le soutien des pouvoirs publics, qui sont pleinement conscients de notre situation », a rappelé Laurent Grandin, président d’Interfel – qui passera le flambeau à l’issue de sa dernière année de présidence après deux mandats.

    Nouveaux guichets financiers

    De nouveaux « guichets » financiers ont été ouverts à partir de fin 2023, avec une enveloppe globale de 100 M€, pour accélérer l’investissement productif et les fonds mobilisés pour la R&D appliquée (qui devrait bénéficier de 10 M€ supplémentaires en 2024), en particulier sur les axes prioritaires suivants : protection des cultures (adventices, Drosophila suzukii…), agroéquipements, rénovation des vergers, serres et irrigation.

    Pour le CTIFL, l’année sera également charnière, avec le passage de relais du président Jacques Rouchaussé, en novembre prochain, et la nécessité d’engager la transition du modèle des ITA (Instituts techniques agricoles). Au cœur du plan de filière, le CTIFL est désigné comme l’animateur, le coordinateur du plan de souveraineté du Parsada (Plan d’anticipation du retrait des substances actives et développement de techniques alternatives de protection des cultures).

    Une nouvelle ère s’ouvre : « Les mentalités ont changé, on va créer un réseau avec les stations d’expérimentation pour aller plus loin sur l’application concrète de solutions, et en réseau », a témoigné Jacques Rouchaussé. Et de tester de nouvelles innovations de rupture, citant par exemple le robot de désherbage Ecorobotix, qui permet de diminuer de 93 % la dose de pesticide pulvérisé.