Fraises de Plougastel : cap sur l’IGP !

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    L’association des producteurs de fraises de Plougastel veut inscrire l’appellation dans le marbre d’une indication géographique protégée.

    Elle en a fait l’annonce à la fin novembre à Plougastel-Daoulas : l’association des 37 producteurs de fraise de Plougastel sait le chemin semé d’embuches. Son coprésident Frédéric Rolland estime qu’il « faudra au moins cinq ou six ans » avant de décrocher le signe de qualité. Mais les producteurs y sont prêts. Ils ne veulent pas voir se généraliser les fraises de Plougastel d’Espagne, comme vu parfois sur des étals. À leurs yeux, la protection officielle est essentielle pour marquer « le caractère différenciant de la fraise de Plougastel – entre 2 200 et 2 400 tonnes par an cultivées entre mars et octobre, aux trois quarts des gariguettes – vis-à-vis des autres productions françaises », selon Frédéric Rolland. Mais on ne constitue pas un dossier d’IGP auprès de l’Inao (Institut national des appellations d’origine) sur le seul goût d’un produit, aussi savoureux soit-il. Ce qu’ils mettent en avant dans leur dossier, c’est l’antériorité de la fraise de Plougastel.

    La fraise est apparue au XVIIIe siècle sur ce bout de terre au doux climat océanique bordant la rade de Brest. Un explorateur et botaniste français Amédée François Frézier rapporta du Chili quelques plants de fraises blanches. « Plusieurs générations ont travaillé et perpétué les traditions, allant jusqu’à organiser tous les ans une fête de la fraise, toujours respectée à ce jour », précise l’association des producteurs. La fraise de Plougastel a pourtant failli disparaître, du fait de « la rudesse du métier, les maladies et la dégénérescence des plants ». Jusqu’à ce que les professionnels et l’État, via la direction départementale de l’Agriculture et de la Forêt, valident un plan de relance, à la fin des années 1990. Depuis, la fraise de Plougastel a repris de la vigueur. Son aire de production s’étend sur sept communes : Plougastel-Daoulas, Lopéret, Daoulas, Lhôpital-Camfrout, Dirinon, Logonna-Daoulas et la partie ouest de Hanvec.

    © Savéol

    Les 37 producteurs, des indépendants et des adhérents de Savéol, exploitent 50 hectares « de tunnels, serres basses et hautes, et multichapelles, en jardin suspendu comme en pleine terre, en conventionnel et en bio », explique Frédéric Rolland. Depuis deux ans, l’association a multiplié les rencontres avec l’Inao et s’est informé du processus auprès d’associations ayant porté des démarches similaires (l’AOC de l’oignon rosé de Roscoff notamment). Reste désormais à écrire le cahier des charges et à conduire différentes études. En particulier l’impact du climat sur la production et les caractéristiques des fraises de Plougastel, et la caractérisation de la fraise de Plougastel d’un point de vue organoleptique. De quoi occuper les producteurs pendant quelques années. « Mais le jeu en vaut la chandelle », souligne Frédéric Rolland. « Il nous faut maintenir le revenu des agriculteurs pour le futur et garantir la bonne transmission des outils. »