Gel : des pertes exceptionnelles, mais il reste des fruits !

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    Si le gel de début avril a touché une vaste part de la production fruitière française, les filières rappellent qu’il y aura bien des fruits français cette année, même s’il est encore trop tôt pour risquer une estimation chiffrée.

    Ce mois d’avril 2021 restera malheureusement dans les mémoires, au même titre que les années 1985, 1991 ou encore 2003, toutes marquées par des épisodes de gel particulièrement impactant. La nuit du 7 au 8 avril a vu le thermomètre descendre au plus bas, jusqu’à atteindre des – 7 à – 8 °C dans certains bas-fonds de la vallée du Rhône ! Les nuits précédentes et la dizaine de celles qui ont suivi cette date fatidique ont très régulièrement enregistré des températures négatives, plus ou moins fortes selon les régions. Personne n’a pu manquer les titres des journaux grand public, annonçant des pertes exceptionnelles et montrant des producteurs complètement désemparés.

    © DR

    Les pouvoirs publics, par la voix du Premier ministre en personne, ont annoncé le 17 avril une série de mesures de grande ampleur estimée à près d’un milliard d’euros. Des mesures d’urgence devraient être rapidement déployées (année blanche de cotisation, dégrèvement de taxe foncière sur le non bâti, etc.), suivies par des mesures exceptionnelles (indemnisation des arboriculteurs au titre des calamités agricoles portée à 40 % notamment). Jean Castex, le Premier ministre, a rappelé « la nécessité d’apporter des réponses structurelles pour renforcer durablement notre agriculture face aux aléas climatiques », selon le communiqué de Matignon, notamment la réforme de l’assurance récolte et le doublement de l’enveloppe allouée dans le Plan de relance. « La mobilisation des pouvoirs publics a été remarquablement rapide et les annonces montrent une vraie ambition », salue André Graglia, directeur de l’AOPN Prune, qui attend désormais la mise en œuvre concrète de ces mesures.

    En ce qui concerne l’estimation des pertes de récolte, les professionnels s’accordent sur leur importance exceptionnelle, dans la mesure où elles touchent plusieurs espèces (fruits à noyau, raisins, fruits à pépins) et une très large partie de la France. Mais tous insistent sur le fait qu’il y aura néanmoins des fruits français disponibles cette année et que le risque d’un commerce déstructuré, voire opportuniste, peut être tout aussi impactant que les pertes dues au gel. En outre, vu la durée de l’épisode climatique, certaines filières, comme l’AOPN Prune, préfèrent attendre le début du mois de mai pour annoncer des estimations de récolte précises. « Il est encore beaucoup trop tôt pour avancer un chiffre, il faut observer le comportement des fruits dans la quinzaine qui vient », détaille André Graglia. « Certes, le gel a été impactant, mais il restera une offre significative de prunes françaises. »

    Du côté de l’AOP Pêches et abricots de France, dont la récolte est plus proche, une première estimation a été communiquée le 19 avril. Pour l’abricot, espèce la plus impactée par le gel, la récolte est attendue à hauteur de 40 à 50 % du potentiel des entreprises de l’AOP. La campagne française devrait débuter autour du 15 mai (semaines 20 et 21), avec une première période qui devrait ressembler à la campagne précédente en volume, alors que la seconde période, sur juillet et août, devrait présenter une offre encore plus réduite qu’en 2020. Pour la pêche-nectarine, la récolte est estimée à 65 à 75 % du potentiel des entreprises de l’AOP, sur un calendrier complet jusqu’au 10 septembre. Pour les deux espèces, Rhône-Alpes est la région la plus touchée, avec des pertes pouvant aller jusqu’à 100 % de la production pour certaines exploitations, à cause d’un froid trop intense face auquel les dispositifs antigel ont été insuffisants. Le Gard et la Crau ont pu sauver une part plus importante de production, grâce aux dispositifs de protection en place ou aux températures moins sévères, tandis que le Roussillon et son climat plus clément a été le plus épargné.