À la recherche de nouvelles sources

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    Lors du dernier salon Medfel, à Perpignan, une table ronde animée par Florence Rabut, rédactrice en chef de végétable, a rassemblé des experts en gestion de l’eau afin de repenser celle-ci dans un monde en transition.

    « Si la ressource en eau semble relativement abondante, la situation est en train de changer », a resitué Yvan Caballero, hydrogéologue du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières). La situation hygrométrique de cette fin d’avril 2023 est celle d’une fin d’été. « Si d’ici fin mai, il ne pleut pas, nous connaîtrons des restrictions dans nos régions », a alors prévenu François Gontard, directeur adjoint du BRL, la compagnie d’aménagement du Bas-Rhône et du Languedoc. Ce qui était déjà le cas dans les Pyrénées-orientales à fin avril… et cela continue.

    Des solutions existent pourtant pour limiter les impacts de la sécheresse. Nathalie Broussard « ne touche pas terre » en ce moment. Son entreprise Agro-Ressources développe des solutions dans l’irrigation de précision depuis trente ans. Elle a notifié que surveiller l’état hydrique des plantes permet de suivre leur croissance et leurs états de stress… et qu’elle constate de plus en plus de stress climatiques (le plus grand épisode ayant eu lieu le 28 juin 2019). « L’installation de sondes permet d’économiser 20 % de l’eau en arboriculture. Les producteurs doivent investir dans des équipements connectés, sur les différentes parcelles. »

    Dans le territoire très contrasté du BRL, le Rhône, malgré un débit qui a diminué depuis les années 60, déverse 55 milliards de mètres cube par an dans la Méditerranée. Le BRL en prélève 55 millions. Aves les deux barrages de la région, « il n’y pas péril en la demeure », a rassuré François Gontard. Bien qu’au 24 avril, le Gard se retrouvait en « alerte renforcée », avec des usages domestiques comme agricoles devant diminuer de 50 %.

    Des agriculteurs se sont pourtant déjà concertés pour envisager de nouvelles solutions. De 2012 à 2022, le projet Aqua Domitia a sécurisé la ressource en substituant l’eau potable par celle du Rhône, répartie selon les besoins exprimés et les demandes initiales de l’époque. « Une approche raisonnée et maîtrisée », mais qui ne peut plus desservir de nouvelles demandes, les canalisations ayant été construites en fonction des besoins de départ. Un dernier espoir est alors venu des propos de Jean-Michel Clerc, expert eaux chez Ad’Occ,  sur la réutilisation de l’eau : « Seulement 0,3 % des eaux usées sont traitées sur le territoire », a-t-il dévoilé. Des études portant sur des tomates, courgettes et melons cultivés avec des eaux issues de stations d’épuration ont pourtant montré une « qualité impeccable ». Mais le parcours réglementaire est complexe… Le 26 juin 2023, dans quelques jours, un règlement européen soulagera ce processus. L’eau réutilisée sera tracée comme un processus agroalimentaire, en toute transparence. « On pourra alors réutiliser 6 milliards de mètres cube d’eau, au lieu d’un seul à l’heure actuelle. » Il existe 34 projets en cours aujourd’hui, destinés à économiser déjà 1 Md m3 d’eau potable. « Réutiliser les eaux jusqu’ici rejetées en mer permettra une revalorisation économique, dans une préoccupation de durabilité. »

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