Une campagne 2025 en pêches-nectarines globalement déficitaire

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    La présentation des prévisions européennes de récolte des pêches et nectarines a eu lieu le 20 mai dernier, animé par Éric Hostalnou de la Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Orientales.

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    La campagne européenne 2025 de pêches et nectarines devrait être marquée par un déficit global, avec des baisses importantes en Grèce (-22 %) et en Espagne (-5 %). La France et l’Italie prévoient une production inférieure au potentiel optimal, mais stable par rapport à 2024. Avec un peu moins de 2,6 millions de tonnes de pêches et de nectarines, la prévision de récolte européenne 2025 se situe 6 % en dessous de la récolte 2024 et 7 % au-dessus de la moyenne 2019/2023. Pour les pêches pavies, destinées majoritairement à la transformation, la prévision de récolte est de 625 000 tonnes, soit une baisse de 12 % par rapport à 2024.

    Grèce : marquée par le gel

    Après plusieurs années marquées par des aléas climatiques, 2024 a été globalement « une bonne campagne » pour la Grèce, avec un retour à des niveaux de production proches de la normale, malgré quelques pertes notamment en nectarines dues à des intempéries en septembre. La précocité de la récolte, en avance de 10 à 15 jours, avait aussi marqué la saison. En revanche en 2025, une forte vague de gel a touché le pays en mars en pleine floraison, suivie d’une seconde en avril. Une baisse de 22 % de la production de pêches et nectarines (338 000 tonnes) est attendue par rapport à 2024, et de 19 % pour les pavies (268 900 tonnes). À cela s’ajoute une inquiétude sur le marché mondial de la pêche d’industrie, notamment en raison de la baisse de récolte de Pavie et de potentielles taxes douanières américaines : « nous pouvons absorber 10% de taxes, mais si elles sont plus fortes cela va poser problème » indique Georges KANTZIOS (Coopérative ASEPOP, Grèce)avec en outre le risque de voir la concurrence chinoise se rediriger vers d’autres marchés.

    Italie : retour à la normale

    En 2024, la production de pêches et nectarines en Italie a retrouvé un niveau proche de la normale après une année 2023 marquée par des gels sévères, notamment dans le Nord. Pour 2025, aucun accident climatique majeur n’est à signaler jusqu’à présent, les perspectives sont proches de celles de 2024. « Nous ne sommes pas en plein potentiel de production parce qu’il y a des vergers qui sont en alternance, et nous avons eu du gel le 20 mars, bien que les dégâts ne soient pas significatifs », note Elisa Macchi (CSO Ferrara).

    Les prévisions italiennes sont de 870 000 tonnes de pêches et nectarines (+0 %/2024) et 51 800 tonnes de Pavies (-10 %/2014). L’Italie observe toutefois une réduction de 3 % des surfaces cultivées, principalement au Nord, affectant surtout la pêche.

    Espagne : campagne en demi-teinte

    La campagne 2024 en Espagne pour les fruits à noyau s’est globalement bien déroulée. Les pêches et nectarines ont atteint 1,5 million de tonnes. Les abricots, eux, ont connu une forte progression avec un record de 145 000 tonnes, soit une hausse de 40 %. La campagne 2025 catalane a commencé dans de meilleurs conditions hydriques grâce aux précipitations hivernales et à la fonte des neiges. « La vallée de l’Èbre a connu un peu de stress hydrique avec de petites réductions de volumes, mais a surmonté la sécheresse de 2023 », indique Santiago Vazquez (Fédération des coopératives espagnoles).

    La floraison étalée et les précipitations ont affecté la nouaison de certaines espèces comme les abricots et les prunes, provoquant de la chute physiologique des fruits. Une série d’épisodes de grêle est aussi survenue entre avril et mi-mai. « 9 000 hectares ont été directement touchés dans la production de fruits », selon Manel Simon (Afrucat, Catalogne, Espagne), avec des niveaux d’impact variables selon les zones. À ce stade de la campagne, l’éclaircissage est envisagé comme moyen de limiter les pertes.  

    Malgré ces aléas, la baisse de production en Catalogne est estimée à seulement 2 % par rapport à 2024 et de +5 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années. « Cela peut surprendre, mais il faut rappeler que cela fait quatre ans que la région n’atteint pas son plein potentiel productif. »

    La région avait été fortement affectée par les gels de 2021 et 2022. Les épisodes de grêle récents ont aussi touché l’Estrémadure et Aragon, où la perte est estimée à 12 %. Le début de la récolte affiche un retard de 5 à 10 jours selon les zones de Catalogne. Toutefois, une hausse des températures pourrait accélérer la maturation et permettre un rattrapage progressif.

    Au niveau national, l’Espagne prévoit une production d’environ 1,44 million de tonnes pour l’ensemble des fruits à noyau, soit une baisse de 5 % par rapport à 2024, mais une hausse de 7 % par rapport à la moyenne 2019–2023. Tous les fruits à noyau devraient être touchés, avec une baisse de 4 à 7 % selon la catégorie. Pour les pêches et nectarines, la baisse par rapport à 2024 est de 5 %, mais on note une progression de 8 % comparé à la moyenne 2019/2023. Pour les pêches plates, -7 %/2024 sont attendus mais +8 % en comparaison avec la moyenne 2019/2023.

    France : prévisions 2025 plus optimistes

    La campagne française 2024 de pêches et nectarines a été marquée par une précocité exceptionnelle, avec 40% de volume à fin juin et 40 % supplémentaires par rapport à 2023 (environ 233 000 tonnes, plus 3700 tonnes de Pavies). Mais cette arrivée précoce s’est accompagnée de conditions météo défavorables jusqu’à mi-juillet. À cela s’est ajouté une conjoncture défavorable : les élections législatives en France sur trois week-ends consécutifs ont freiné la consommation. « On ne pouvait pas avoir des planètes moins alignées que l’an dernier ! » lance Raphaël Martinez (AOP Pêches et Abricots de France).

    La seconde moitié de campagne a été plus dynamique en partie grâce aux Jeux olympiques et à une meilleure météo. « Il y a eu une euphorie générale, on manquait de produits du 20 juillet, les prix ont flambé ce qui a permis pour un certain nombre de producteurs de se remettre à flot.»

    Si aucun accident majeur n’est à déplorer pour l’instant pour cette campagne 2025, les producteurs restent inquiets face à la recrudescence des aléas climatiques. Des orages de grêle ont cependant touché quelques zones françaises, notamment dans la vallée de la Garonne et le Var. La floraison a été longue, perturbée par des précipitations et des conditions défavorables à la nouaison. Cela a entraîné une charge irrégulière selon les variétés, laissant anticiper un potentiel légèrement inférieur à celui de l’an passé.

    « Les prévisions de récolte sont relativement optimistes, mais les agriculteurs sont en train de rentrer dans les champs pour réaliser les éclaircissages. » Les prévisions initiales établies début mai tablent sur une production nationale de pêches-nectarines de 232 400 tonnes, soit +0 %/2024 et +19 %/ moyenne 2019/2023, marquée par le gel de 2021.

    « On se situera plutôt, à mon avis, à 80-90 % du potentiel de récolte, soit plutôt à 200 000 tonnes. Avec ce potentiel diminué, on obtiendra un calibre supérieur. Je pense qu’on sera en tension sur les petits calibres, d’autant plus qu’on va retrouver de la barquette plastique sur des premiers prix petits calibres, avec l’annulation de la loi Agec. »