Campus Fruits rouges : fédérer les énergies positives

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    Le Campus Fruits rouges, un site pilote à vocation expérimentale et pédagogique, vient d’être inauguré dans l’Aisne. Ce projet collectif allie arboriculture et énergie solaire sur un même site et reflète la volonté commune de ses partenaires de développer une production locale plus durable et compétitive.

    © végétable

    « Un projet exemplaire à bien des égards », a salué Éric Delhaye, maire de Laon, le 13 mai dernier, lors de l’inauguration du Campus Fruits rouges à Allemant (02), soulignant l’implication de l’entreprise Fruits rouges & Co (160 M€ de CA en 2024) dans la redynamisation du territoire. « Notre ambition est de transformer les défis en opportunités. Ce site doit contribuer à relocaliser et développer une filière française de petits fruits, encore largement dépendante des importations », a déclaré Sylvie Cathelain, présidente de l’entreprise.

    Alors que la consommation de petits fruits rouges a progressé de 35 % en cinq ans, mais que 87 % des volumes restent importés, le Campus Fruits rouges se positionne comme un démonstrateur au service de la souveraineté alimentaire, permettant de structurer une filière française compétitive, durable et innovante. L’objectif des partenaires est de trouver le meilleur équilibre entre production agricole et production d’énergie solaire.

    Les premiers résultats de ce projet, porté par Fruits rouges & Co, en partenariat avec Photosol, Insolight et Gilloots, sont attendus d’ici trois à cinq ans. Ils permettront de fournir des références technico-économiques à destination des producteurs en activité, tout en facilitant l’installation de nouveaux opérateurs. « Le but du campus est d’essuyer les plâtres au niveau collectif. »

    Placé sous la direction de Thomas Magnien, jeune producteur issu d’une famille céréalière qui s’est récemment diversifié en fruits rouges, le site a vocation à expérimenter des combinaisons agronomiques et énergétiques dans les conditions climatiques du Nord de la France. Sur 0,5 ha, il rassemble des cultures hors-sol de framboises (deux variétés), de mûres et de myrtilles (une dizaine de variétés) sous panneaux photovoltaïques, ainsi que des fraises et framboises sous serres multichapelles.

    Réduire l’évapotranspiration

    Environ 150 modalités sont actuellement testées, notamment différentes configurations de modules bifaciaux semi-transparents (à 40 % et 60 % de transparence) pour évaluer leur impact sur la croissance des cultures, la qualité des fruits, la consommation en eau ou encore l’ergonomie des chantiers de récolte.

    La solution technologique Insolagrin (développée par Insolight) permet un ajustement de l’ombrage via des capteurs climatiques. Elle vise à réduire l’évapotranspiration, améliorer la récupération des eaux de pluie et protéger les cultures des excès climatiques. « Des expérimentations sur la robotisation de la récolte sont également envisagées », a annoncé Mélanie Marchand, directrice générale de Fruits rouges & Co, qui a souligné que la main-d’œuvre représente 70 % du coût de revient de la framboise, avec une densité de 20 cueilleurs par hectare.

    Le projet présente aussi un intérêt énergétique : l’électricité solaire produite alimente en partie le site industriel de Fruits rouges & Co à Laon, via un contrat d’achat d’énergie renouvelable sur vingt ans. Selon Insolight, un kilo de framboises cultivées sous panneaux permettrait d’économiser 5,7 kg de CO₂, soit 74 tonnes par hectare. « Il faut embarquer les consommateurs dans la décarbonation, mais ils ne sont pas forcément prêts à payer plus cher. C’est pourquoi la performance énergétique doit contribuer à financer les investissements », a affirmé Luiggino Torriginani, directeur du marketing et des partenariats d’Insolight.

    « Notre ambition est claire : offrir aux producteurs des outils concrets pour accroître leur production tout en préservant la qualité, l’environnement et les ressources naturelles », a déclaré Mélanie Marchand, directrice générale de Fruits rouges & Co. © végétable
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    © Jordan Beaufrère