Tandem d’enzymes chez les champignons ravageurs de cultures

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    Des chercheurs d’Inrae, du CNRS et du CEA ont fait une découverte inattendue, qui pourrait contribuer à accélérer la réduction d’usages de fongicides. Des résultats parus le 21 décembre dans la revue Science Advances. Fortuitement découvert lors de recherches sur la bioproduction d’arômes d’agrumes par des champignons phytopathogènes, la coprésence systématique de deux enzymes oxydatives a intrigué les scientifiques. Un consortium multidisciplinaire et international a alors étudié l’impact de ce tandem d’enzymes sur la virulence d’un champignon modèle Colletotrichum orbiculare. Le résultat est net. Que ce soit sans l’enzyme A (alcool oxydase) ou sans l’enzyme B (péroxydase), le champignon ne peut plus infecter la plante. La paire A + B est donc essentielle pour la pathogénicité du champignon. Elles sont cosécrétées par le champignon et colocalisées au point d’infection, au début de la phase de pénétration dans la plante.

    Une interaction entre ces deux enzymes est nécessaire pour modifier certains composés à la surface des feuilles de la plante, au niveau de la cuticule, première barrière physique. Les champignons du genre Colletotrichum et Magnaporthe possédant le tandem d’enzymes étudié sont les agents causatifs de maladies des plantes répandues, telles que l’anthracnose et la pyriculariose. Ces maladies impactent considérablement le rendement des cultures maraîchères, fruitières et céréalières. La compréhension des mécanismes d’infection de ces champignons pathogènes très complexes et finement régulés pourrait permettre, à terme, la conception de nouvelles stratégies pour la protection des cultures.

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