Prix et marges des fruits et légumes poursuivent leur hausse

    0
    2553

    L’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires a présenté son 9e rapport annuel, dans un contexte général de hausse des prix agricoles et alimentaires observés depuis 2017.

    Posons d’abord quelques chiffres d’ambiance générale. Selon le récent rapport annuel de l’Observatoire de la formation des prix et des marges, 2019 confirme une tendance à la hausse des prix, initiée en 2017, et ceci à tous les stades de la chaîne alimentaire : à la production agricole (+ 1,8 %/2018), aux moyens de production (+ 1,6 %), aux prix des produits industriels alimentaires (+ 1,1 %) et à la consommation (+ 2,5 %). Un rapport avec la loi Égalim, entrée en vigueur au 1er janvier 2019 ? « Il est trop tôt pour le dire », répond Philippe Chalmin, président de l’observatoire. Il observe en effet pour 2019 « un fonctionnement des prix et des marges sans rupture avec les années passées ». Mais son analyse devient plus généreuse en ce qui concerne le fonctionnement des filières observé durant les 55 jours de confinement lié au Covid-19 de ce printemps, qu’il qualifie de « comportement de responsabilité et de solidarité, avec une exemplarité particulière de trois interprofessions » (dont Interfel, NDLR), dans lequel il veut voir « l’esprit des EGA ».

    © DR

    Considérés dans la durée, les prix et les marges des fruits et légumes origine France augmentent également, même si l’année 2019 présente un résultat très contrasté. Pour les fruits, les chiffres de l’observatoire montrent une hausse continue des prix à l’expédition et au détail depuis 2009, avec une progression plus rapide de ceux au détail à partir de 2012. Pour les légumes, la hausse moyenne des prix débute un peu plus tard, en 2011, et l’écart se creuse le détail et l’expédition à partir de 2014. Dans les deux cas, on observe donc une croissance de ce que l’Observatoire appelle « marge brute de distribution GMS », obtenue par la différence entre le prix de vente au détail et le prix à l’expédition. Et ceci jusqu’en 2018.

    L’année 2019 offre une situation contrastée entre les légumes, dont les indicateurs poursuivent la progression, et les fruits, qui accusent un recul. Pour l’Observatoire et ses membres, la raison en est essentiellement conjoncturelle. Ainsi la campagne légumes a été marquée par les conditions météo extrêmes de l’été, qui ont diminué les volumes de production. Les prix ont augmenté à tous les stades : expédition (+ 8,5 %/2018), détail (+ 6,5 %), marge brute distribution (5,2 %). Si cette croissance peut paraître importante, les valeurs absolues demeurent encore modestes, avec un prix expédition de 0,90 €/kg et un prix détail (HT) de 1,88 €/kg pour le panier de légumes frais saisonnier… À l’inverse, les prix des fruits ont diminué sous l’influence d’une récole abondante, notamment en fruits à noyau : – 4,6% au stade expédition, – 4,1 % au stade détail et – 3,5 % pour la marge brute, avec finalement un panier moyen qui se vend 1,38 €/kg à l’expédition et 2,68 € HT/kg au détail.

    Terminons ce résumé (le rapport fait 400 pages dont 45 pour la section fruits et légumes) par un mot sur la marge nette du rayon fruits et légumes en grande distribution. En 2018, elle s’établit à 3,5 % (avant impôt), plaçant ce rayon au-dessus de la moyenne obtenue sur l’ensemble des rayons frais (1,8 % avant impôt). Il est significatif de relever que les rayons dont les charges de personnel sont les plus élevées sont déficitaires (boucherie, boulangerie, marée), tandis que les rayons volaille et charcuterie, servis en produits emballés, affichent les meilleurs résultats (respectivement 8,6 % et 8,5 % de marge nette avant impôt). Le rayon fruits et légumes performe en troisième position, malgré une charge de main d’œuvre non négligeable, suivi des produits laitiers (0,7 % de marge nette). Une dernière remarque : les données de l’observatoire portent sur un panier de fruits et un panier de légumes moyens, constitué d’espèces d’origine France en proportion représentative de la consommation annuelle des français en grande distribution.

    L’ensemble des résultats est disponible ici.