Mobilisation historique pour sauver les endiviers

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    Les acteurs de la filière endive et chicorée se sont rassemblés pour faire face à une crise qui menace leur avenir.

    endives en station
    © végétable

    Le mardi 20 février dernier, une atmosphère empreinte d’urgence et de détermination régnait au Conseil régional des Hauts-de-France autour de l’endive : en une après-midi, les interventions de producteurs, semenciers, instituts techniques, distributeurs, juristes, représentants de fédérations et responsables politiques locaux et régionaux se sont succédé pour expliquer les causes de la crise, dessiner des pistes et mobiliser.

    Les déclencheurs immédiats de cette crise ont été les retraits du Bonalan, du Safari et du Movento , trois spécialités de produits phytosanitaires permettant de désherber le chénopode, notamment, pour les deux premiers et maîtriser le puceron lanigère pour le troisième. En toile de fond, des ingrédients communs à toute l’agriculture française : une énergie chère qui renchérit les coûts de production, des difficultés de recrutement, une instabilité législative et des interdictions prononcées sans solution.

    Manque de visibilité réglementaire

    La responsabilité du gouvernement français a été désignée, avec des revirements entre le contenu des échanges directs favorables au renouvellement avec les producteurs et finalement un vote « contre » de la France en Commission européenne. Une possible mise en défaut de la confiance légitime et des préjudices matériels et moraux associés ont été évoqués par l’avocat présent. « Nous manquons de visibilité réglementaire avec un horizon qui s’arrête à 2024 », a clamé un producteur d’endives, avant de rappeler que l’agriculture est une activité du temps long.

    Antoine Gricourt, responsable du bureau d’achats fruits et légumes d’Auchan, a pris de la hauteur et témoigné de situations analogues dans les filières arboriculture et maraîchage. « L’endive représente un besoin consommateur à part entière. Elle n’est pas substituable par un autre légume. » Il a rappelé une évidence : « Sans producteur, je n’ai rien à vendre. »

    Les endiviers comprennent les évolutions sociétales et veulent s’inscrire dans un progrès qui inclut la réduction des usages de produits phytos, mais pas au prix de leur disparition par brutalité réglementaire. Xavier Bertrand, président du Conseil régional, et Marie-Sophie Lesne, vice-présidente agriculture, ont détaillé comment la Région se mobilisait pour les soutenir financièrement. Et Philippe Bréhon, président de l’Apef (Association des producteurs d’endive de France), a précisé que l’avenir de la production d’endives dépendrait de décisions qui donneraient du temps, quatre à cinq ans, et de moyens de recherche et développement.