Mildiou : les effets du réchauffement climatique

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    Y aura-t-il autant de mildiou à la fin du siècle qu’aujourd’hui dans le contexte de changement climatique ? Telle est la question posée par Denis Gaucher, ingénieur d’Arvalis-Institut du végétal. « Dans le monde, la température moyenne globale a augmenté de 1 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Le phénomène semble s’accélérer sur les dernières années. En France, les données montrent une absence d’année, parmi les trente dernières, à des températures moyennes inférieures à la normale. En clair, il ne fait plus froid en hiver et il fait plus chaud l’été », résume-t-il. L’UMR Agroclim de l’Inrae, dans le cadre du projet de recherche Operate, a étudié les voies d’adaptation, notamment de la pomme de terre, aux futurs stress biotiques (mildiou, alternariose) et abiotiques (chaleur, sécheresse) dus à ce changement climatique. Arvalis a contribué à ce projet par l’intermédiaire de l’outil d’aide à la décision Miléos, afin de simuler les épidémies de mildiou.

    Les chercheurs ont utilisé les données météo issues des travaux du Giec en tenant compte des quatre scénarios possibles, dits RCP (Representative Concentration Pathways ou voies de concentration représentative), nommés 2,6, 4,5, 6 et 8,5. Ces scénarios modélisent le climat futur selon la quantité de gaz à effet de serre qui sera émise dans les années à venir (période 2000-2100). Plus la valeur du scénario RCP est élevée, plus le système terre-atmosphère gagne en énergie et se réchauffe. Ainsi le scénario 2,6 envisage une hausse de 1 °C, le 4,5 de 2 °C, le 6 de 2,5 °C et le 8,5 de 4 °C à l’horizon 2100. Cinq hypothèses ont été testées dans ces scénarios. La dernière combine l’ensemble des facteurs : le mildiou s’adapte au climat (plus chaud, moins humide), le manque de froid fait augmenter l’inoculum primaire de printemps, et les plantations sont réalisées plus tôt (d’un à plusieurs mois, voire en cultures de contre-saison). Dans ce contexte, les chercheurs estiment, qu’avec un scénario RCP 4,5 – soit une hausse de 2 °C – les risques de mildiou actuels seraient maintenus en 2100. La hausse des températures limiterait son développement, mais il s’adapterait, comme toujours. « Les épidémies seraient alors plus précoces et plus violentes au printemps pour reprendre en début d’automne, comme ces dernières années », souligne le spécialiste.

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