Les résultats 2025 de l’Observatoire agriculture et viticulture du groupe BPCE, présentés le 18 juin, confirment le volontarisme des producteurs de fruits et légumes dans la transition agroécologique. Mais dans un contexte économique dégradé, ils expriment de forts besoins d’accompagnement.
L’agriculture française a terminé l’année 2024 sur une note morose. En recul de 7,5 % (et +13 % pour les productions végétales en particulier) selon l’Observatoire BPCE, la production a été fortement pénalisée par un excès de pluie et un déficit d’ensoleillement. Cette baisse aurait coûté 0,2 point de croissance au PIB national.
Dans cette conjoncture difficile, les perspectives pour 2025 ne sont guère plus réjouissantes : 37 % des exploitants s’attendent à une diminution de leur chiffre d’affaires et 44 % anticipent une baisse de leur rentabilité. Les viticulteurs affichent un pessimisme encore plus prononcé, avec respectivement 53 % et 62 % de réponses négatives.
Des maraîchers en première ligne… et en mouvement
Le secteur fruits et légumes, exposé aux aléas climatiques comme à la pression économique, se démarque par sa capacité d’adaptation. D’après l’enquête menée par l’Ifop pour le compte du groupe BPCE, 74 % des maraîchers (fruits-légumes-fleurs) sont engagés dans une démarche agroécologique, soit près de 20 points au-dessus de la moyenne nationale (57 %). Un chiffre en progression continue.
Parmi les leviers mobilisés figurent la diversification (conservation des sols, production sous label), des investissements techniques (capteurs météo, récupération d’eau de pluie) et une orientation plus marquée vers le bio : 18 % des exploitants maraîchers et arboriculteurs ont au moins partiellement converti leur production, contre 14 % pour l’ensemble des filières. « Les exploitations maraîchères figurent parmi les plus adaptatives face aux aléas », souligne Marion Stéphan, responsable des études socio-économiques du groupe BPCE.
Une transition qui demande du soutien
Pour autant, les exploitants ne peuvent pas porter seuls cette transformation. Si 66 % se déclarent globalement bien informés sur les dispositifs de soutien à la transition énergétique, seuls 11 % estiment leur niveau d’information « très bon » ou « excellent ».
À l’inverse, plus d’un tiers pointent une mauvaise connaissance des aides disponibles. « Près de 9 exploitants sur 10 estiment manquer d’informations sur les dispositifs de soutien à la transition », rappelle José Bardaji, directeur études et prospective du groupe BPCE.
Les besoins identifiés sont clairs : 33 % des répondants souhaitent un appui à l’investissement matériel, 30 % demandent un renforcement des compétences et 29 % de l’aide technique sur le terrain. « Ces chiffres sont en nette hausse par rapport à l’édition 2023, signe que l’urgence climatique se double désormais d’un besoin opérationnel d’accompagnement. »
Une dynamique à soutenir dans un contexte incertain
En moyenne âgés de 53 ans, les exploitants agricoles français anticipent des départs en nombre dans la décennie à venir. Un tiers prévoit d’arrêter dans les cinq prochaines années, essentiellement pour cause de retraite, mais aussi de plus en plus à cause de difficultés économiques (10 %, en doublement sur un an).
Le maraîchage et l’arboriculture, filières végétales spécialisées, exigeantes mais dynamiques, reste mobilisé. La production d’énergie solaire, la certification environnementale ou les pratiques de résilience (ventilation naturelle, adaptation variétale, économie d’eau) se diffusent dans les exploitations.
Face à cette dynamique, le groupe BPCE affirme poursuivre son accompagnement via ses réseaux Banque populaire et Caisse d’Épargne, présents depuis plus de trente ans sur le financement des transitions agricoles.
* Enquête réalisée par téléphone auprès de 1 200 chefs d’exploitations entre février et mars 2025