Les femmes sont dans la place

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    L’École supérieure des agricultures (Campus Angers) a organisé les rencontres nationales du retour à la terre et de l’avenir des territoires, conjuguées cette année au féminin.

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    Il y avait de la sororité dans l’air sur le campus de l’ESA à Angers ce 20 février. Une fois n’est pas coutume, la gent féminine était très représentée en tribune et dans la salle pour cette seconde édition des rencontres nationales du retour à la terre et de l’avenir des territoires, consacrée cette année au retour à la terre au féminin, propice aux rencontres.

    Les statistiques parlent d’elles-mêmes : 26 % de femmes cheffes d’exploitation, 30 % de la main d’œuvre agricole (salariée ou non) et moins de 9 % de femmes dans les conseils d’administration des coopératives en 2023. « Ces ratios ne bougent pas depuis dix ans », a constaté Chloé Le Brun, sociologue et agronome.

    « Il y a toujours eu des femmes dans le monde agricole, mais pendant longtemps et encore souvent, elles sont dans l’ombre de leurs maris. Fort heureusement, elles deviennent plus visibles. Et le nécessaire renouvellement des générations peut créer un appel d’air, à condition de lever les freins à l’installation, qui sont le plus souvent culturels, mais aussi ergonomiques. »

    Table ronde sur le rôle des femmes

    Car la pénibilité du métier et le rapport aux machines sont souvent rattachés à la masculinité. Pourtant les femmes ont toutes leur place, donnent une vision d’avenir et apportent le recul nécessaire pour s’ouvrir sur le territoire, comme ont témoigné deux agricultrices engagées, lors de la première table ronde sur le rôle des femmes dans le renouvellement des actifs et des pratiques agricoles.

    Lucie Moinard, éleveuse de poules pondeuses en Vendée et administratrice à la Cavac, tout comme Amandine Toulza, productrice de plants maraîchers dans le Gard, ont su insuffler une dynamique nouvelle dans l’exploitation familiale : diversification des productions, des revenus, des circuits de distribution, communication auprès du grand public. « Il ne faut pas rester enfermé dans sa ferme et plutôt favoriser les rencontres, les interactions », a pointé Anne Dumonnet-Leca, directrice de Vox Demeter.

    « Faire du lien entre les femmes, des mondes agricoles leur permet de s’inspirer mutuellement, mais aussi d’inspirer de nouvelles vocations à l’extérieur ». Les profils des agricultrices peuvent être très hétérogènes et différentes trajectoires peuvent conduire au métier. « Il suffit de faire confiance aux femmes et de leur apporter du soutien », a précisé Chloé Le Brun, et aussi, parfois, de « faire tomber les stéréotypes de genre », encore aujourd’hui, a souligné Amandine Toulza.

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