Légumes de France : reconquérir le marché intérieur

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    Jusqu’au bout, les producteurs de légumes ont voulu croire à la possibilité de tenir leur congrès à Nantes en novembre 2020, avant de devoir y renoncer. En attendant sa réalisation espérée en 2021, un webinaire a permis au syndicat des producteurs de légumes d’affirmer sa volonté de contribuer davantage à l’alimentation de nos compatriotes.

    Faute de congrès, il s’agissait de faire quand même passer quelques messages confortés par les circonstances tellement particulières de l’année 2020. « Le confinement nous a permis de réaffirmer notre rôle essentiel dans l’approvisionnement alimentaire des Français, même si nous sommes loin de les satisfaire pleinement », introduisait Philippe Retière, président de la Fédération des maraîchers nantais. « Nous devons booster la production française qui est exemplaire, produire plus, produire mieux. » C’est notamment l’objet du livre blanc sur lequel travaillent les membres de Légumes de France et qui devrait être publié prochainement.

    Animé par Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, le webinaire proposé a mis l’accent sur quatre thématiques essentielles : le social, la compétitivité, la protection des cultures et l’outre-mer. Sur le volet social, Céline Camgrand Vila, responsable emploi de Légumes de France, a rappelé quelques fondamentaux, les 200 000 emplois directs générés par le secteur, les différentiels de coûts salariaux au sein de l’UE, qui pénalisent la compétitivité des légumes français. D’où la demande réitérée de convergence sociale au sein de l’UE, mais aussi de plus de flexibilité et de simplification administrative. Enfin, l’exonération des charges patronales pour TODE (travailleurs occasionnels demandeurs d’emploi) renouvelée pour deux ans devrait être gravée dans le marbre et étendue au personnel permanent. L’investissement et la compétitivité sont les clefs de la consolidation de la souveraineté alimentaire et Bruno Vila appelle les pouvoirs publics à accompagner ces efforts de la production, considérant que chaque euro investi ici par l’État est recouvré en l’espace de dix-neuf mois par la dynamique économique et sociale induite. Parmi les grands enjeux, accompagner les dispositifs visant à réduire la consommation d’énergie et maintenir les contrats de cogénération actuellement remis en cause. Jacques Rouchaussé déplore que le plan de relance du gouvernement ne fasse aucune mention spécifique des enjeux de la filière Légumes.

    Sur le volet phytosanitaire, Légumes de France s’est fortement engagé dans le développement des solutions alternatives et veille activement à éviter les impasses dans la protection des cultures, ainsi qu’à souligner les distorsions de concurrence induites par le maintien d’un accès différentié à ses outils au sein de l’Union européenne. Mais le pas de temps des scientifiques et de la production n’est pas celui des politiques… Dans son discours conclusif, le président de Légumes de France se donne pour objectif de remonter à un niveau d’autonomie légumière de 60 % d’ici deux ans (à peine 50 % en 2020) et à 70 % à cinq ans. Les surfaces nécessaires pourraient provenir de terres en jachère, à condition qu’elles soient propices aux cultures légumières. Jacques Rouchaussé appelle vigoureusement à la fin d’une guerre des prix entre enseignes de la distribution financée aux dépens de la production dont la valeur est régulièrement dégradée. Enfin, si le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, souscrit à l’objectif des 60 % d’autonomie, son discours est plus marqué par un soutien d’intention que par des réponses concrètes aux demandes formulées par la production pour y parvenir.

    Jacques Rouchaussé préside Légumes de France. © DR