C’était l’effervescence à Villers-Saint-Christophe pour l’édition française de Potato Europe 2024, placée sous le signe de l’innovation face au changement climatique.
Des plaines, des champs à perte de vue, quelques villages paisibles… et soudain une nuée de barnums blancs à l’horizon. Entendez-vous le ronflement des tracteurs et la ferveur des 18 000 professionnels et curieux ? Vous êtes bien arrivés à Potato Europe 2024, à Villers-Saint-Christophe, dans l’Aisne.
Ce salon connaît, les 11 et 12 septembre derniers, une effervescence jusque-là inégalée, après huit ans d’absence en France. Cinquante hectares totalement dédiés à la pomme de terre, regroupent 400 exposants, représentants français et internationaux (80 nations représentées !) de toute la filière : production, conditionnement, négoce, transformation, services et institutions. Dont vingt consacrés à des démonstrations dynamiques d’arrachage, désherbage, défanage, tri optique… mettant en action des machines de dimensions impressionnantes.
Un village du commerce, Fedepom, regroupe plus de 50 coopératives et négoces pour des rencontres et des échanges. Une mise en avant de l’importance de la filière pomme de terre française – et européenne – et de la passion des acteurs qui la composent, le tout dans les Hauts-de-France, première région productrice du pays, avec deux tiers des 6,5 à 7 millions de tonnes de pommes de terre produites en France en 2023.
Les derniers travaux de recherche
Soutenu par le CNIPT, Arvalis, institut de recherche appliqué agricole et spécialisé dans les grandes cultures, organise le salon. « Potato Europe est l’opportunité pour chacune et chacun d’entre nous de suivre les dernières innovations d’Arvalis et de ses partenaires », déclare Didier Lombart, agriculteur et président du comité professionnel pommes de terre d’Arvalis.
Quarante experts sur un espace technique présentent ainsi, au travers de différents ateliers, les derniers travaux de recherche de l’institut pour répondre aux enjeux de production : la protection des cultures, l’innovation variétale, la gestion de l’eau, de la fertilisation et de la structure du sol, et enfin le stockage et la conservation (voir actualité page suivante).
Ces innovations vont dans le sens de l’adaptation au changement climatique, fil conducteur de cette édition. « Le changement climatique est une problématique cruciale pour les producteurs de pomme de terre – une culture sensible à la sécheresse et la chaleur –, ainsi que pour tous les acteurs de la filière », souligne Cyril Hannon, animateur de la filière pommes de terre chez Arvalis.
Face à des conditions de production de plus en plus contraignantes, le CNIPT a créé en 2022 la Crata* (Commission de recherche en agronomie et techniques appliquées), réunissant tous les maillons de la filière et bénéficiant d’un budget de 1,4 million d’euros par an pour financer la R&D aux côtés d’Arvalis.
Une feuille de route décarbonation
Un premier programme 2021-2024 a ainsi eu pour objectif l’apport de solution de terrain tout en visant à réduire l’empreinte environnementale de la filière. Un nouveau programme démarre pour 2024-2025 avec une intensification de l’axe de recherche sur l’adaptation au changement climatique.
La filière souhaite également se doter d’une feuille de route décarbonation : dresser son bilan carbone de l’amont à l’aval, puis identifier des leviers de décarbonation. « Il s’agit de répondre aux enjeux de la souveraineté alimentaire tout en allant vers la décarbonation », indique Benjamin Louvrier, responsable du pôle R&D et qualité du CNIPT. « Sur ces bases, la feuille de route pourra être rédigée en s’appuyant sur plusieurs scénarios à l’horizon 2030, puis 2050. »
Rendez-vous les 3 et 4 septembre 2025 à Lelystad, aux Pays-Bas, pour la prochaine édition de Potato Europe.