Le Bik en action pour protéger la filière et ses vergers

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    Entre punaises diaboliques et fraudes à l’origine, le Bureau interprofessionnel du kiwi déploie innovation et vigilance pour défendre la filière kiwi.

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    © Bik

    Le 8 octobre, les équipes du Bik (Bureau interprofessionnel du kiwi) ont organisé la dernière journée de restitution technique des travaux de recherche et expérimentation en kiwi de 2025. En vallée du Rhône, à Saint-Étienne-des-Sorts (30), les échanges se sont déroulés directement au verger sous un beau soleil automnal. L’association, qui regroupe 75 % de la production française grâce aux cotisations volontaires de ses membres, agit sur plusieurs fronts : promotion collective, défense de l’origine et recherche-expérimentation.

    Engagé contre la francisation, le Bik s’est porté partie civile dans toutes les affaires récentes, notamment en Rhône-Alpes, et collabore avec la DGCCRF pour les signalements et le suivi des fraudes. Depuis six ans, il investit dans la recherche et l’expérimentation, cofinancées par les adhésions, afin de sécuriser les itinéraires techniques culturaux face aux nouveaux défis : réduction des applications de cuivre pour lutter contre la bactérie PSA, apparition de nouveaux ravageurs et retour de maladies favorisées par le changement climatique. En lien avec les firmes phytosanitaires, le Bik demande des extensions d’usage lorsque cela s’avère nécessaire. Ouvert à l’international, il échange avec l’Italie, la Grèce, le Portugal ou encore la Nouvelle-Zélande pour partager données et solutions communes.

    Comprendre et maîtriser la punaise diabolique

    Les travaux sur la punaise diabolique ont donc été présentés le 8 octobre. Halyomorpha halys, un insecte ravageur détecté pour la première fois en France en 2015, peut engendrer d’importantes pertes économiques. « Les premiers signalements sur kiwi ont été faits en France en 2019, entraînant la chute prématurée du fruit jusqu’à la lignification des tissus autour de la piqûre », explique Laëtitia Driss, ingénieure R&D du Bik. De 2021 à 2023, le nombre de punaises a fortement augmenté en Garonne et dans le Gard, alors qu’elles y étaient encore peu présentes avant 2020. La moyenne est passée de 100 punaises adultes par piège en 2021 à 300 en 2023.

    Dans le bassin de l’Adour, la pression du ravageur reste élevée, avec environ 250 individus adultes par piège en moyenne. À ce jour, la lutte en France contre ce ravageur repose sur l’utilisation d’insecticides, dont l’efficacité demeure limitée en raison de la forte mobilité de la punaise dans les habitats environnants au verger.

    Dans ce contexte, le projet Pacte, lancé en 2025 avec plusieurs partenaires et financé par France Agrimer, vise à mieux connaître la biologie et l’écologie de ce ravageur afin de développer des méthodes de lutte alternatives. « L’objectif est de créer des outils d’aide à la décision comme des modèles de prédiction du cycle de vie de l’insecte. Ils serviront ensuite à optimiser la lutte biologique grâce à l’utilisation de parasitoïdes oophages, de pièges phéromonaux et d’hivernage et de méthodes d’attract-and-kill. »

    Défendre le kiwi français

    Le sujet de la francisation a également été abordé lors des discussions, avec une présentation de la directrice du Bik, Adeline Gachein. Cette pratique frauduleuse consiste à revendre comme français des kiwis importés, souvent d’Italie ou de Grèce, achetés 14 à 17 % moins cher. Elle a longtemps tiré les prix vers le bas, pénalisant stations et producteurs.

    Selon le Bik, « la francisation a entraîné un manque à gagner estimé à 88 millions d’euros sur trois récoltes ». Alertée en 2017, la DGCCRF a mené une vaste enquête sur les récoltes de 2015 à 2018, qui a débouché sur 5 procès-verbaux et la mise en cause de 7 entreprises. Partie civile dans chaque affaire, le Bik poursuit son engagement en développant une base de données « origine France », fondée sur des analyses isotopiques et RMN. « Cet outil est désormais fiable à 99 % pour authentifier l’origine réelle des kiwis français », s’est réjouie Adeline Gachein.

    Plus d’infos sur le dépérissement des vergers de kiwi dans l’article du magazine de novembre (n°437) à venir : « À la recherche de nouvelles racines ».