La story de la sortie du Royaume-Uni de l’UE relève décidément du vaudeville. La joute entre Londres et Bruxelles semble un test de résistance psychologique.
Le Premier ministre britannique, en espérant briser la solidarité européenne lors du Conseil européen des chefs d’État et du Gouvernement du 15 octobre dernier, s’est vu invité à « faire les gestes nécessaires » pour parvenir à un accord commercial final. À l’avant-veille de ce même conseil, les ministres délégués Olivier Dussopt (Comptes publics), Agnès Pannier-Runacher (Industrie), Alain Griset (Petites et moyennes entreprises) et Clément Beaune (Affaires européennes) ont réuni les fédérations professionnelles pour remobiliser et inciter les entreprises françaises à accélérer leur préparation à la sortie sans accord du Royaume-Uni du marché intérieur et de l’Union douanière au 31 décembre 2020. Ils ont indiqué que, dans l’hypothèse d’un no deal, les contrôles aux frontières, qui n’existent pas actuellement, seront réintroduits pour le commerce de biens et de services, et pour la mobilité des personnes, qu’il est primordial que les entreprises en soient conscientes et qu’elles s’assurent d’être préparées à ces changements imminents.
Cet appel était l’occasion de préciser les points de blocage des négociations relancées après l’invalidation par la Chambre des communes de l’accord signé il y a un an, de rappeler les enjeux économiques et commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE-27 (des échanges bilatéraux représentant 1 000 milliards d’euros par an, qui seraient soumis aux règles de l’OMC, avec rétablissement des droits de douane) et de se familiariser avec les procédures de la « frontière intelligente » mise en place pour contribuer à la fluidité des passages en frontières. Le Commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, a averti, dans le même temps, que « les douanes de l’Europe des 27 sont prêtes au no deal, pas celles du Royaume-Uni » !
Il y a trois ans, Freshfel avait cadré les défis et l’impact économique pour la filière fruits et légumes européenne et s’inquiétait (déjà !) de la capacité des ports britanniques à absorber les nouvelles procédures de contrôle aux frontières, pour des transactions évaluées à quelque 130 000 containers/an de F&L à traiter, soit 6 000/mois s’agissant de produits périssables, des conséquences logistiques et des procédures de transbordement et de stockage froid. L’organisation a aussi demandé des réponses concrètes concernant les déclarations électroniques douanières, ainsi que sur la reconnaissance et l’application ou non des réglementations et certifications européennes (phyto, normes, LMR, hygiène alimentaire, F&L bio, etc.). Aujourd’hui, le Premier ministre britannique (et sa majorité parlementaire ?), après avoir démontré au monde entier son irrespect des accords entérinés souverainement – un précédent dont se serait bien passé Sa Gracieuse Majesté –, est-il prêt à claquer la porte de l’UE avec un Brexit no deal ? Message reçu dans toutes les chancelleries !
Pour se préparer au Brexit et à la frontière intelligente : www.brexit.gouv.fr ou brexit@douane.finances.gouv.fr